Les papy d'Internet font de la résistance
Chasser d'Internet les dérives de tous type : c'est le but que vient de se fixer un « conseil des sages » essentiellement constitué de personnages notablement frondeurs et contestataires. Le conseil en question se nomme le NNSquad, pour Network Neutrality Squad, escadron de combat formé dans le creuset du PFIR - People For Internet Responsibility. Ouvert à toutes candidatures, d'esprit Open Source, le NNSquad souhaite aider à conserver Internet « libre de toute entrave et restriction déraisonnable ». Mesures discriminatoire, anti concurrentielles ou actions restrictives orchestrées par les fournisseurs d'accès à Internet et « entités affiliées » seront vertement dénoncées. Tel FAI bloque les ports VoIP sous prétexte de risque terroriste ou d'espionnage, et le Squad surgit tel le chevalier blanc. Tel autre bloque un service -a tout hasard, un port P2P- à une partie de ses abonnés, invoquant on ne sait quel motif qui par le plus grand des hasards ne s'appliquerait pas à l'autre partie, et hop, les vengeurs du Net échafauderont un pilori pour y clouer le bec du marchand de bande passante. Utopie que tout çà ? Peut-être. Probablement même, puisque le « Squad » risque fort de ne s'intéresser qu'aux affaires américaines et à quelques grandes causes internationales. La censure en Chine, le filtrage de la Corée... Mais il faut avouer que l'escadron en question compte tout de même quelques « grandes gueules ». Outre Lauren Weinstein Peter Neumann, les co-fondateurs, l'on retrouve Vinton Cerf, le papa emblématique d'Internet, mais également Keyth Dawson, un éminent confrère, actuellement journaliste pour Slashdot, mais surtout fondateur du premier « blog » avant la lettre, le TBTF (Tasty Byte from the Technology Front) et inspirateur de CSO France. Siègera également à ce conseil Bruce Schneier, que l'on ne présente plus, et Philip Karn, VP de Qualcomm, mais surtout plus connu par le biais de son indicatif radio KA9Q, qui fut longtemps synonyme du premier code « open source » de TCP/IP. Si Vinton Cerf fut le père d'Internet, Phil en fut la mère nourricière, promoteur d'une idée considérée comme « géniale et folle » : faire dialoguer des ordinateurs de par le monde, à l'époque ou l'Internet était une succession de modems à 300 bauds, de liens série en uucp, de liaisons packet-radio ne dépassant pas 30 cps et de RFC ou l'on parlait de Zen, d'Art et de hitchhiker's guide. Et puis, pour faire bonne mesure, à coté de David J. Farber, professeur à Carnegie Mellon et digne héritier de l'humour du professeur Spooner, l'on rencontre Bob Frankston, celui qui, avec Dan Bricklin, mit au point Visicalc, le premier tableur, et fut le principal évangéliste d'IP chez Microsoft -une mission longtemps considérée comme quasi impossible compte tenu du dogmatisme Netbeui qui sévissait alors-. Si le Squad ne parvient pas à redresser les torts d'un Internet de plus en plus souvent dévoyé par des armés de marchands et d'opportunistes, ce sera pour certain l'occasion de boire de bons coups en se racontant quelques souvenirs épiques.
