Les opérateurs télécoms allemands obligés de partager leurs données avec la police
Une nouvelle loi allemande veut obliger les opérateurs télécoms à partager leurs données avec la police. Malgré deux lois précédentes ayant été déclarées inconstitutionnelles, la rétention de données est de retour en Allemagne.
Alors que l'Union européenne tente de limiter les lois sur la vie privée, les intérêts sécuritaires de la puissance publique ont gagné une bataille en Allemagne. Une nouvelle loi pousse les fournisseurs de services à mettre les données de leurs clients à la disposition de la police. C'est vendredi matin que le parlement allemand a approuvé cette loi obligeant les fournisseurs de services Internet et les opérateurs mobiles ou fixes à conserver les métadonnées des communications de leurs clients pour un maximum de dix semaines.
Le pays a eu des attitudes contradictoires sur le sujet. D'abord en introduisant une loi exigeant en 2008 la conservation des données par les opérateurs. Et ce, pour se conformer à une directive de l'Union européenne. La Cour constitutionnelle fédérale allemande a annulé cette loi en mars 2010, la déclarant contradictoire avec les lois sur la confidentialité en l'Allemagne, ce qui a incité la Commission européenne à traduire le pays en justice en mai 2012 pour faire appliquer la directive. En avril 2014, ce fut le tour de la plus haute juridiction de l'Union européenne, la Cour de justice de l'Union (CJUE), d'abolir la directive elle-même au motif que, elle aussi, attentait à la vie privée.
Le rôle de la CJUE
Cette même Cour de justice de l'Union Européenne, vient de mettre fin à l'accord Safe Harbor, passé entre la Commission et les États-Unis sur le transfert des données personnelles privées aux États-Unis. La Cour expliquant que l'accord ne garantissait pas suffisamment la protection de la vie privée.
Ces décisions antérieures de la Cour constitutionnelle et de la CJUE n'ont pas découragé les législateurs allemands de réintroduire l'obligation pour les fournisseurs de services de conserver les données de connexion de tous leurs clients. Ils ont placé une limite de dix semaines pour savoir qui a appelé qui, et quand, quelles adresses IP ont été attribuées, à qui et quand, et qui a envoyé des messages SMS et à qui. Une limite de quatre semaines s'applique sur les SMS envoyés. Le contenu des communications n'est pas stocké et le courrier électronique est exempté de la loi.
Le parlement allemand envisage néanmoins de revoir la loi dès qu'il aura suffisamment d'informations statistiques sur son efficacité dans la réduction de la criminalité.
En photo : la salle plénière du Bundestag qui a adopté une nouvelle loi vendredi contraignante pour les opérateurs