Les opérateurs mobiles veulent profiter de la 4G pour mettre fin à la donnée illimitée
L'explosion des volumes de données et l'arrivée de la 4G entraîneront une segmentation des forfaits de données. C'est la position défendue par Bouygues Télécom et SFR. Ils s'exprimaient lors du forum des Telecoms.
Lors d'une table ronde sur les usages du LTE et de la 4G tenue le 13 juin 2012 lors du Forum des Télécoms, les intervenants ont débattu du développement des usages dans le monde, et plus particulièrement en France.
Les opérateurs comme les équipementiers ont défendu leur position : avec la 4G, les clients devront réapprendre à ne plus avoir de l'illimité. Les opérateurs entendent ainsi restaurer leur profitabilité.
Philippe Trouchaud, consultant chez PWC, rappelle que « le volume de données sur mobile double quasiment tous les six mois ». La croissance de la donnée est provoquée par l'augmentation des ventes de smartphones. Désormais, Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom pointe que « la voix ne coûte plus rien à émettre sur le réseau et c'est la data qui est la plus coûteuse ».
Idem pour Philippe Keryer, directeur des activités réseaux d'Alcatel-Lucent qui se range aux côtés des opérateurs et annonce qu'il faut « se déshabituer de l'illimité. L'usage de la data doit être en accord avec le prix élevé des fréquences et de leur utilisation ».
Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Télécom prend exemple sur les pays qui ont déjà mis en place le LTE comme la Suède où « on observe trois offres, de 3 Go, 6 Go et 10 Go. Il est donc possible d'offrir un usage pour chacun qui redéfinit la valeur de la data ». Il rajoute qu'aujourd'hui « avec une limitation à 3 Go, les Français sont persuadés d'avoir accès à une offre illimitée, ce qui n'est pas le cas ».
Alexandre Wauquiez, Responsable des solutions réseaux chez SFR pense que « la segmentation des forfaits de transmission de données va permettre d'avoir des usages différents en fonction du besoin des clients. »
Photo : Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Télécom
On devrait donc voir apparaître une segmentation plus fine des forfaits de transmission de données, facturés de telle manière que l'opérateur mobile y trouve son compte. Ce système est similaire à celui qui est utilisé par la plupart des opérateurs pour segmenter les offres sur la voix mobile, proposant de multiples forfaits de durées différentes.
Philippe Keryer d'Alcatel-Lucent veut également valoriser l'innovation et annonce que ces offres 4G favoriseront « de nouveaux usages qui permettront aux opérateurs de créer de nouveaux revenus ».
Il prend exemple sur l'opérateur japonais Docomo qui « met à la disposition des abonnés un service de streaming vidéo sur ses téléphones, avec un catalogue accessible par abonnement ». Ces usages commencent à apparaître en France, notamment au travers de l'accès à Deezer via Orange ou Spotify via SFR.
Devant cette arrivée prévisible de forfaits plus segmentés, les opérateurs ont refusé de dévoiler les prix possibles de leurs futures offres. Alexandre Wauquiez de SFR déclare qu'« il n'est pas opportun de dévoiler les réflexions sur les offres de SFR actuellement ».
Philippe Trouchaud de PWC a conclu en déclarant que « les opérateurs devront faire preuve de pédagogie » pour faire comprendre cette passation de pouvoir entre un internet mobile illimité et cet accès « limité » au forfait acheté.