Les media US deviendraient-ils pro-pirates ?
Il est étonnant, le titre de notre grand frère ComputerWorld, à propos du hack de AACS (voir CSO France du 28 décembre ). « Researchers: Hack will help kill HD-DVD copy protection ». Littéralement, Chercheurs : le hack va contribuer à tuer les protections anticopie des DVD-HD. On note l'adhésion sémantique du « va contribuer à tuer », et non un « attaque sans vergogne » à laquelle la presse républicaine néolibérale nous avait habitués. Et d'expliquer en substance qu'après tout, ce contournement du verrouillage est une bonne chose car, d'un côté, les « major » peuvent interdire la lecture de leurs productions aux lecteurs que l'on saura susceptibles d'être modifiés, tandis que, côté usagers, la publication de ces méthodes de « déplombage » permettra à chacun d'user de son droit privé du copiste. Il n'y a pas un an, une telle position aurait été considérée par le RIAA comme une incitation au piratage. Chez nous, si la loi européenne en général et française en particulier interdit de telles pratiques, l'esprit des lois voit bel et bien dans la protection ad vitam aeternam des oeuvres une prise en otage du patrimoine universel pour le seul intérêt d'une entreprise de droit privé. Ajoutons, au chapitre des systèmes de protection autarcique, cette information diffusée par nos confrères de ZD Net et intitulé « Sony, sa plate-forme et ses baladeurs condamnés pour tromperie et vente liée ». Voilà un danger qui semble ne pas concerner Microsoft et sa stratégie « Home Media Server », puisque l'éventail de services et de produits s'étendra à « l'immense variété du catalogue des partenaires DLNA ». ComputerWorld en rajoute une couche avec un autre papier dans la mare titrant « Experts: Vendors need to reach DRM consensus ». Chaque éditeur souhaitant préserver le pré-carré de ses propres productions et appareils de reproduction, il s'en suit une superbe pagaille dans laquelle le mot de compatibilité est totalement ignoré, et où les intérêts du client passent longtemps après celui des actionnaires et de leurs abondements. « Si on continue, on risque de perdre des ventes » craignent en substance les marchands de variétés. Pour l'heure, les Microsoft et Apple songent plus à s'affronter et s'entailler les jarrets avec quelque coup de Jarnac technologique que de s'entendre dans une sorte de Yalta du DRM. Le jour où les outils de protection s'harmoniseront, il sera intéressant de compter le nombre de labels indépendants qui auront encore la force d'exister.