Les hackers doivent beaucoup à Microsoft
Impossible, ce vendredi, d'éviter de faire la « hune » du hacking sans parler de Microsoft. Par exemple, depuis ce matin vient de s'ouvrir l'édition française de Live Search. Certes, ce moteur est aussi rapide qu'une prise de décision du Conseil Constitutionnel. Mais qu'importe la célérité si les résultats sont là. Qui n'a pas pensé un instant, en apprenant cette nouvelle, à ce qu'un certain Johnny Long pourrait en faire ? Google is your friend, dit-on au sein de la communauté des pentester. Car Google glane des informations sur des répertoires que bien des administrateurs ne surveillent pas. Combien de temps avant d'entendre « MS Live is your Best friend » ? Impossible non plus de passer sous silence, le lendemain de l'annonce de lancement des nouveaux iPod Nano, l'avènement des tant attendus baladeurs Zune. Un fort bel écran, un lien Ethernet WiFi, un noyau Windows CE parfaitement connu et accompagné d'un SDK confortable, 30 Go de disque, assez de mémoire pour émouvoir les ancêtres du « one liner » et de la programmation structurée, un récepteur FM dont la PLL peut très probablement être bousculée, et très accessoirement une sortie audio. Voilà un outil très « ing » : hacking, Wardriving, eavesdroping, Podslurping... bref, il est un peu plus tentant qu'un Ipod et risque de provoquer quelques belles hunes chez nos confrères de Hackaday. Il risque, en outre, de s'avérer nettement moins cher que les tablettes Ultra Mobiles, qui, elles aussi, donnent quelques idées aux adeptes du sniffing mobile et du mouchard (pardon, analyseur d'événements) passe-partout. Avec une bonne sortie vidéo, le Zune pourrait même concurrencer la Xbox, du moins dans ce qui est devenu sa fonction première : la plateforme multimédia domestique la plus économique du marché et la plus rapidement hackable. Qui va gagner, iPod ou Zune ? La réponse dépend peut-être de l'attitude des concepteurs. En ouvrant sa plateforme à tous les types de hacks possibles et imaginables, Microsoft pourrait fort bien reconquérir le capital sympathie qu'il a perdu depuis si longtemps sur le marché Grand Public. Par ailleurs, cette façon d'agir permettra surtout de canaliser et maîtriser les directions que prendront les modifications de ce gadget. N'oublions pas que c'est en refusant obstinément de communiquer la moindre donnée sur le fonctionnement de ses noyaux que Microsoft a ouvert la voie au piratage des jeux Xbox. Un minimum de collaboration de sa part aurait facilité l'explosion d'une multitude de détournements tout en préservant les mécanismes de protection des contenus. Qui trop embrasse, mal étreint. Impossible de passer à côté, dans les nouvelles fraîches de ce matin, de ce « Nous venons en amis, nous ne vous voulons aucun mal »... non, ce n'est pas la reprise de la bande son de Mars Attack, mais le leitmotiv entonné par Steven Toulouse, le patron sécurité de Microsoft. « Microsoft: We're not out to crush security vendors » titre Security News. Ayez confianssssssse ! C'est pas avec notre firewall intégré et gratuit livré avec le SP2 que nous allons vous égratigner. C'est pas non plus avec l'éternelle beta marketing (viral) de Windows Defender que vos ventes vont s'écrouler. Allons, voyons, Windows Live OneCare est une goutte d'eau (de 15%) dans l'océan des catalogues produits, un détail qui ne révolutionnera pas le PSG (Paysage Sécuritaire Général) ! D'ailleurs, la preuve : ISA Server n'a pas fait disparaître les firewalls concurrents de la surface de la planète... et si Windows Vista intègre la plupart des outils servant à protéger le poste de travail, on vous promet de ne rien faire pour empêcher l'installation de vos « solutions concurrentes », affirme en substance le Grand Timonier du MS Response Team. Ces mantras d'apaisement rappellent étrangement les assurances que formulait « Corp » au moment du lancement des Services Netware, d'Exchange face à CC :Mail, de Word face à Wordstar, d'Excel face à Lotus. Disparus, 3com +, Netware, Banyan, tout comme Jim Morrison, Eddy Cochran, Buddy Holly... Ce qu'il y a quand même de génial avec Microsoft, c'est que l'on sait dès aujourd'hui ce qui constituera la nostalgie de demain.