Les étonnantes enchères radio aux Etats Unis, vainqueurs Vérizon et ...Google ?
Les enchères pour s'approprier la bande radio des 700 MHz idéale pour l'internet sans fil ont été remportées par Verizon et ATT. Et Google gagne le droit de commercialiser ses services indépendamment de l'opérateur grâce à la « règle d'ouverture ».
C'est finalement Verizon Wireless qui aura gagné une grosse part du spectre des 700 MHz mis aux enchères aux Etats Unis. L'opérateur dispose de quoi créer un réseau de données sans fil - fixe ou mobile - à haut débit au niveau national dans d'excellentes conditions. La nouvelle a été rendue publique Jeudi par la Commission Fédérale des Communications ou FCC (Federal Communications Commission). Verizon a été retenu pour la bande de 22 MHz du spectre appelée le bloc C. La société offre 4,7 milliards de dollars pour ce spectre, qui couvre la quasi-totalité des États-Unis. Verizon a remporté les licences du bloc C dans chaque région des États-Unis, sauf pour l'Alaska. Le total des enchères sur l'ensemble du spectre a réalisé 19,6 milliards de dollars. Des accès ouverts Pour la première fois dans de telles enchères, la FCC a posé comme conditions que le bloc C soit ouvert d'accès. Cette règle d'ouverture ne s'applique qu'au bloc C qui représente un tiers du spectre ouvert aux enchères. Elle touche essentiellement Verizon. L'opérateur devra assurer l'accès à n'importe quels terminaux, téléchargements ou applications choisis par les utilisateurs. Ce qui semble naturel en Europe, mais ne l'est pas aux Etats Unis. Verizon avait initialement déposé une poursuite en justice contre ces règles du libre accès de la FCC, mais avait abandonné. En revanche, l'association CTIA (International Association for the Wireless Telecommunications) poursuit l'action. Parmi les autres gagnants de la vente, on trouve AT&T qui a gagné plus de 150 licences du bloc B du spectre, qui couvre généralement des régions métropolitaines individuelles aux États-Unis. Il a ainsi remporté le spectre couvrant les zones métropolitaines de New York, Philadelphie, Detroit, Dallas, Boston, San Francisco, Washington DC, et des dizaines d'autres grandes villes. Au total, les deux opérateurs, Verizon et ATT, ont fait une offre combinée de 16 milliards de dollars, représentant plus de 80% des 19,6 milliards de dollars. Le machiavélisme de Google Le fabricant de composants électroniques, Qualcomm, pour sa part, a remporté le spectre couvrant la ville de New York, Philadelphie, Boston, Los Angeles et d'autres zones. Google qui avait manifesté son intérêt pour le bloc C n'a gagné aucune licence. De toute façon, « Cela aurait été de la folie de leur part de tenter d'exploiter un réseau, constate Nadine Manjaro, analyste chez ABI Research. De manière générale, l'émergence d'opérateurs inédits n'aura pas eu lieu contrairement à ce que certains espéraient. Les opérateurs historiques ont raflé des centaines de licences, notamment car la FCC a réduit les délais pour déployer les réseaux, ce qui nécessite d'avoir les « poches pleines ». Quant à Google, il semble se contenter d'avoir obtenu la règle « d'ouverture » des réseaux, qui permettra « d'utiliser tout type de terminal et d'application ». Ce qui devrait ainsi libérer l'accès pour leur plate-forme Androïd destinée aux mobiles et ses services. « Google essaie de vendre ses services publicitaires au-delà des PC, sur les mobiles, sans en payer le prix, et là ils ont gagné l'ouverture des réseaux, résume Nadine Manjaro. Photo : antennes GSM Echec du réseau de sécurité publique Les enchères ont généré quasiment le double des dix milliards de dollars budgétisés par le Congrès des États-Unis. Les gains iront au Trésor des États-Unis et sont réservés à l'appui de la sécurité publique et aux initiatives de transition vers la télévision numérique. En revanche, la FCC n'est pas parvenue à monter un réseau pour la sécurité publique. Le Jeudi, la FCC a décidé de rompre le lien entre une bande de fréquence appelée le bloc D et le reste de la vente. Le bloc D est un bloc de 10 MHz qui devait être jumelé à une autre bande de 10 MHz contrôlée par les organismes de sécurité publique. L'adjudicataire aurait construit un réseau voix et données national destiné à servir à la fois aux services publics d'urgence (police et pompiers) et aux besoins commerciaux. Mais la FCC n'a pas reçu les 1,33 milliards de dollars attendus au minimum pour le bloc D. Seuls 472 millions de dollars avaient été proposés par Qualcomm. La FCC n'a pas l'intention de remettre aux enchères immédiatement le bloc D. Elle examine les options sur la licence de ce spectre sur lequel les contraintes étaient trop fortes. Par exemple, des millions de dollars placés en dépôt auraient du être abandonnés au cas où le vainqueur ne serait pas parvenu à s'entendre avec le Public Safety Spectrum Trust, l'organisme en charge de la gestion du spectre des services d'urgence. Les analystes du Yankee Group avaient prédit que les "horribles" coûts associés à ce bloc D dissuaderait les enchères. Le détenteur devait construire un réseau national de sécurité publique couvrant 75% de la population en quatre ans. Une volonté du congrès De nombreux membres du Congrès ont milité en faveur d'un réseau de sécurité publique après que les forces d'intervention d'urgence n'aient pu communiquer les unes avec les autres pendant les événements du 11 septembre, les attentats terroristes ou les plus récentes catastrophes. La police et les services d'incendie dans des villes avoisinantes ont souvent recours à différents appareils de communication sur les différents blocs de spectre. Certains pensaient que Frontline Wireless, une société dirigée par un ancien commissaire de la FCC et d'autres vétérans de l'industrie, prendrait l'initiative en ce qui concerne le bloc D, mais la compagnie a brusquement fermé ses portes quelques semaines avant les enchères. La bande des 700 MHz idéale La vente aux enchères des 700 MHz a été la première à être réalisée par des enchères anonymes. Elle a duré presque deux mois et 261 tours de surenchère pour 1091 licences. Le bloc le plus lucratif est celui appelé le Bloc B, il a généré 9,1 milliards de revenus. Le bloc C a suscité 4,7 milliards de dollars. La bande de 700MHz a été utilisée par des chaînes de télévision, mais elle est de plus en plus disponible avec le passage de la TV au numérique. La date d'abandon par les chaînes américaines est février 2009. Ce spectre est considéré comme idéal pour les applications cellulaires car les signaux radio transmis dans cette bande peuvent parcourir de longues distances. Il est donc possible de déployer moins d'équipements que dans d'autres bandes du spectre. La bande des 700 MHz serait la solution optimale à long terme pour les services à haut débit sans fil. Les signaux voyagent de trois à quatre fois plus loin et pénètrent les obstacles tels que les bâtiments plus facilement que les signaux de fréquence supérieure. La bande de 700MHz est aussi l'une des dernières grandes bandes de fréquences disponibles pour les services cellulaires. Verizon déjà un acteur majeur du DSL Parmi les autres lauréats des enchères, on citera Triad 700, une start-up de la Silicon Valley, qui a remporté le spectre couvrant l'Alaska, Puerto Rico, le nord-ouest de l'est du Maryland et la Pennsylvanie. Frontier Wireless (Colorado), filiale d'EchoStar Communications, et Cavalier Wireless ont remporté plusieurs licences dans les petites villes et les zones rurales. Malgré tout, le sentiment est que ces enchères n'ont pas réussi à créer un nouveau concurrent de poids dans le haut débit. Verizon est déjà un acteur dominant de la technologie DSL. De plus, les coûts des services mobiles ne devraient pas baisser vu les sommes investies dans les enchères et le coût des futurs réseaux. Enfin, les compagnies rurales de téléphone pourraient bien se voir concurrencer par les nouveaux services à haut débit sans fil que permettra la bande de 700 MHz.