Les Etats-Unis pourraient passer de 4 à 3 opérateurs de téléphonie mobile
Le marché américain des télécoms est rythmé par les opérations de cession et de rachats. Voda-fone a cédé ses parts dans la filiale mobile de Verizon pour 130 milliards de dollars, AT&T s'est em-paré de DirectTV, un opérateur de télévision par satellite pour 48,5 milliards de dollars, Time Warner a racheté Comcast pour 45,2 milliards de dollars.
Les n°3 et 4 du marché américain des mobiles, Sprint et T-Mobile, très agressifs commercialement mais avec des pertes financières, pourraient fusionner. Les autorités de régulation ont de nombreux arguments à opposer à ce projet. La fusion est logique non seulement en raison des pertes cumulées par les deux acteurs, mais surtout du fait de leur situation très minoritaire, à eux deux ils font 20% du marché. AT&T et Verizon verrouillent la situation. Les régulateurs sont d'ailleurs devant un dilemme, soit ils acceptent des rapprochements, dans ce cas ils réduisent la concurrence, soit ils forcent à tout prix le maintien de quatre acteurs mais les deux plus petits ne peuvent subsister.
Sur le même sujetIntel cajole les développeurs Android en élargissant leur champ d'actionLe dossier se double d'un aspect capitalistique. Sprint et détenu par le japonais Softbank à 80%. T-Mobile a pour actionnaire majoritaire, l'opérateur allemand Deutsche Telekom avec 67% du capital. AT&T a tenté en 2011 de racheter les parts de l'opérateur historique allemand, ce que lui a refusé la FCC afin de ne pas encourager un duopole Verizon / AT&T, ce dernier étant alors renforcé par T-Mobile qui est le trublion des télécoms mobiles aux Etats-Unis par sa politique tarifaire agressive, mais sans en tirer les bénéfices financiers. L'inverse de Free.
Le risque de réduire la concurrence
L'accord entre Deutsche Telekom et Softbank semble en bonne voie et permettrait de créer un n°3 capable de rivaliser avec les deux premiers, mais il reste soumis à l'approbation des autorités de régulation. Elles examineront en particulier le fait que ce rapprochement réduira le nombre d'acteurs donc la concurrence. Rien d'évident dans cette approbation des régulateurs. La capacité de Sprint à intégrer T-Mobile est également un sujet d'interrogation, cet opérateur a d'autres petites acquisitions à absorber et doit conduire des investissements.
En cas de succès, Deutsche Telekom détiendra 15% à 20% du nouvel ensemble. Il a déjà baissé sa participation en fusionnant T-Mobile avec une autre de ses filiales, Metro PCS, spécialiste du low cost, au mois de mai 2013. C'était dans le but d'accroître son portefeuille de clients. Mais la fusion a aussi généré des coûts, en particulier par le rapprochement des réseaux.
Softbank est également engagé dans une partie délicate. Il doit absolument croître aux Etats-Unis pour devenir un acteur significatif et rentable. Il a d'ailleurs prévu de verser 1 milliard de dollars à Deutsche Telekom si le rachat de ne réalisait pas, faute d'accord des régulateurs.