Les Etats-Unis doutent de la nécessité de déployer la fibre optique
La fracture numérique n'est pas une expression réservée à l'hexagone, les Etats-Unis aussi débattent de cette question, quatre ans après le lancement du National Broadband Plan. Les déploiement de la fibre optique concernent uniquement les villes et laissent de côté le reste du territoire. Comme en France ?
En 2010, Google a lancé son propre plan pour équiper en fibre optique la plupart des utilisateurs américains. Quatre ans plus tard, environ 28% des centres infirmiers par exemple n'ont pas de connexion internet à large bande. Google Fiber, le projet de Google a été lancé à Kansas City en 2012, des plans similaires se retrouvent à Austin au Texas, Provi dans l'Utah. Au mois de février dernier, Google a annoncé l'extension de son programme à 34 autres villes.
Pour sa part, AT&T a fait part de négociations avancées pour amener la fibre à 1 Gigabit en Caroline du Nord, y compris aux entreprises et aux universités. L'opérateur a lancé un service similaire à Austin au Texas, il annonçait, au mois de décembre dernier, des plans de déploiement dans d'autres villes comme à Dallas. Avec un gigabit, explique AT&T, l'utilisateur peut télécharger une émission de télévision en trois secondes et 25 chansons en une seconde.
De nombreux points restent mal desservis
En complément, Google et AT&T reconnaissent la nécessité d'adapter leurs déploiements à large bande avec des connexions moins rapides, entre 3 et 5 Mbps et donc servir des quartiers qui n'ont pas d'accès. La question est de savoir si cela sera suffisant. Les experts qui ont travaillé sur le National Broadband Plan de 2010 ont récemment mis en garde contre le fait que de nombreux points restent mal desservis, comme les bibliothèques, les écoles, même avec un haut débit de base à moins de 4 Mbps. La plupart des zones non desservies se situent dans les quartiers pauvres, en centre-ville ou dans les zones rurales.
AT&T et Google se corrigent. En Caroline du Nord, AT&T apporterait une vitesse d'un gigabit pour les consommateurs, ainsi que des connexions haut débit gratuites à une centaine de sites publics et un réseau tout en fibre pour relier une centaine d'immeubles d'entreprises. Selon AT&T, une connexion à 3 Mbps, lente mais gratuite, serait disponible pour raccorder un quartier d'immeubles représentant 3 000 foyers. Aucun échéancier n'a été donné pour ce déploiement en Caroline du Nord.
Google et les pauvres
Du côté de Google Fiber on indique que le prix comprend un service mensuel de base, gratuit jusqu'à 5 Mbps pour le téléchargement et 1 Mpbs en amont, mais il faut compter également sur des frais d'installation de l'ordre de 300 dollars. Sans ces frais, il en coûte 70 dollars par mois pour télécharger à 1 Gbps.
En 2012, le magazine Wired expliquait que Google Fiber, à Kansas City, laissait de côté les quartiers les plus pauvres. Google dispose d'un programme de sensibilisation communautaire pour aider à connecter plus de quartiers. « Ce programme peut finir par atténuer la fracture numérique, explique Doug Brake, analyste télécoms pour la Fondation Information Technology & Innovation à Washington. Il ajoute « méfiez-vous de ceux qui veulent se lancer à corps perdu dans la construction d'un nouveau réseau fibre sans développer toutes les performances possibles des réseaux existants ». Google et Gig.U (une association de 30 universités) ont identifié les façons de travailler avec les villes pour construire de nouvelles infrastructures à moindre coût. C'est une piste, mais la généralisation de la fibre optique ne semble pas d'actualité aux Etats-Unis.