Les éditeurs de logiciels français toujours trop petits et peu soutenus

le 13/04/2010, par Maryse GROS, Terminaux et Systèmes, 760 mots

Les petits éditeurs français prennent de l'ampleur mais les mesures d'aide comme le crédit-impôt-recherche profitent surtout aux plus gros. Dans le Top 100, le chiffre d'affaires des vingt premiers pèse 75% du total.

Les éditeurs de logiciels français toujours trop petits et peu soutenus

En 2009, le chiffre d'affaires total des cent premiers éditeurs français de logiciels aura progressé de 5,3%, pour atteindre 6 milliards d'euros selon le cabinet Truffle Capital. Ce Top 100 fait apparaître une évolution équivalente du chiffre d'affaires relevant exclusivement des activités d'édition pour atteindre 4 milliards d'euros.

Les cinq plus gros éditeurs représentent plus de la moitié du chiffre d'affaire de l'édition française. L'indéboulonnable numéro 1, Dassault Systèmes, pèse un tiers du chiffre d'affaires du Top 100  avec ses 1,25 milliards d'euros. Derrière, on trouve Sopra Group/Axway (317,9 millions), Murex (265 millions), Cegid de Jean-Michel Aulas également président de l'Olympique Lyonnais (219 millions) et Linedata services (144,5 millions).

Malgré tout, ce quintette s'est légèrement érodé l'an dernier puisqu'il pesait 56% du Top 100 en 2008. Il est vrai que le chiffre d'affaires de Dassault Systèmes s'est trouvé quelque peu écorné en 2009.

Le Top 20 représente toujours 75% des revenus générés par le palmarès du Truffle 100, tout comme en 2008. Entre la 21ème et la 100ème place, les chiffres d'affaires s'étagent entre 5,2 et 27,6 millions d'euros. Les petits éditeurs ont globalement progressé en valeur.

Le secteur a fait donc preuve l'an dernier d'une certaine résistance. Fin 2008, les premiers effets de la crise avaient fait reculer le chiffre d'affaires total de 1,7%, à 5,7 milliards d'euros. Néanmoins, le Top 100 n'a toujours pas retrouvé son niveau de 2007 avec ses 6,3 milliards lorsque Business Objects faisait encore partie des fleurons de l'industrie hexagonale du logiciel.

Depuis trois ans, plusieurs acteurs importants ont quitté le Top 100. Après BO, GL Trade et Ilog ont été rachetés par des éditeurs étrangers. Et l'an dernier encore, Viveo (46 millions d'euros de chiffre d'affaires) et Etap-on-Line (7,5 millions) ont quitté le giron français, le premier racheté par le Suisse Temenos, le deuxième par l'Américain Concur.

Par ailleurs, si le chiffre d'affaires total du Top 100 a augmenté en 2009, « les marges sont sous pression », pointe Bernard-Louis Roques, directeur général, co-fondateur de Truffle Capital. Le résultat net consolidé des éditeurs a chuté à ...

Photo : Bernard-Louis Roques, directeur général, co-fondateur de Truffle Capital en compagnie de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'état chargée du développement de l'économie numérique. (D.R.)

...254 millions d'euros, contre 432 millions en 2008. Il ne représente plus que 4,3% du chiffre d'affaires total contre 7,6% en 2008. En outre, les profits se concentrent davantage encore sur les plus gros acteurs : les cinq premiers du classement s'en octroient 91% (contre 84% un an plus tôt).

« La surprise, dans ce contexte difficile, c'est que les éditeurs ont continué à investir massivement en R&D. Ils ont gardé le cap en raisonnant sur le long terme. Par rapport à d'autres secteurs, ils ont sans doute une meilleure visibilité grâce aux revenus récurrents que constituent d'une part, la maintenance annuelle associée aux logiciels et, d'autre part, les souscriptions » souligne en revanche Bernard-Louis Roques.

En un an, l'effectif total des cent premiers éditeurs français a augmenté de 2 735 personnes, à 53 933 collaborateurs, dont 19,5% employés sur les activités R&D (19,7% en 2008). Ces dernières sont stratégiques et une majorité d'éditeurs n'envisage toujours pas de les délocaliser. Ils sont toutefois un peu moins catégoriques chaque année.

En 2009, ils sont 63% à ne pas vouloir délocaliser leur R&D, contre 68% en 2008, 71% en 2007, 73% en 2006. « En grande majorité, les emplois de R&D ne sont pas 'outsourcés', Certaines parties non critiques peuvent l'être, mais pas les compétences-clés qui sont conservées en interne pour maintenir la réactivité et ne pas risquer de transférer son savoir-faire à ses concurrents » estime Bernard-Louis Roques. A noter qu'à eux seuls, une fois de plus les cinq premiers éditeurs trustent l'essentiel de l'investissement puisqu'ils regroupent 53% des effectifs R&D (10 518 personnes) du Top 100 et 45% de l'effectif total.

Pourtant, les petits éditeurs, en progression, peuvent être considérés aujourd'hui comme l'un des moteurs de l'industrie, à un moment où certains leaders souffrent de la crise, soulignent les promoteurs du Truffle 100. Il convient donc de les soutenir.

Or, certaines mesures, telles que le Crédit Impôt Recherche (réformé en 2008) profitent surtout aux plus grandes structures. « Le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires a montré que 80% du CIR vont aux entreprises de plus de 250 salariés », rappelle notamment Bernard-Louis Roques. Il insiste aussi sur la nécessité de mettre en place un Small Business Act à la française qui permettrait de réserver une partie des achats publics aux PME. Les avancées en la matière sont insuffisantes. « Ce combat n'est pas simple parce qu'une partie importante des décideurs politiques n'y est pas encore sensible », regrette le co-fondateur de Truffle Capital qui insiste sur la nécessité d'attirer l'attention, sans relâche, sur ces questions.

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