Les DSI français peu confiants dans leurs capacités d'innovation métiers

le 30/07/2008, par yves Grandmontagne, Infrastructure, 936 mots

L'enquête mondiale « CIO Survey 2008 » de Cap Gemini trace le portrait du DSI innovant. Les DSI français sont les moins confiants dans leur capacité à mener l'innovation dans leur entreprise. A moins que le « Shadow IT » ne les tire de là, au risque de les contourner.

Les DSI français peu confiants dans leurs capacités d'innovation métiers

« La force de proposition des TIC dans l'innovation métiers est très active. Le volant innovation technologique est même de plus en plus important, ce qui place les DSI dans une position assez particulière, affirme Eric Monnoyer, directeur associé, responsable France et Europe de la discipline Business & Information Strategy de Capgemini Consulting. D'ailleurs, 70% des DSI interrogés par l'étude "CIO Survey 2008" de Cap Gemini estiment qu'une direction informatique peut à la fois contribuer à l'innovation au sein de l'entreprise et gérer les services informatiques supports. Pour cette étude, 395 DSI et dirigeants de sociétés de tous domaines d'activité ont été interrogés en face à face. Les 5 freins à l'innovation Dans ces conditions, qu'est-ce qui freine l'innovation ? Les DSI interrogés reconnaissent qu'une grande partie du frein provient de l'opérationnel, sur faire « tourner l'usine de l'informatique », alors que l'innovation n'est ni opérationnelle ni à court terme. « Le manque de moyens financiers n'est pas un problème, ni les prestataires externes. Le problème est dans l'entreprise, poursuit Eric Monnoyer. L'enquête de Cap Gemini pointe les 5 plus grands freins autour de l'innovation selon les DSI : - Les problèmes opérationnels à court terme (52%) ; - L'insuffisance de moyens (37%) ; - Les difficultés à recruter du personnel qualifié (35%) ; - Le manque de soutien dans l'entreprise (25%) ; - La faiblesse de la collaboration entre la DSI et les autres services (24%). « La fonction informatique sera performante si elle se transforme pour participer à l'innovation sur les produits et les services de l'entreprise dès leur conception. Porteuse d'innovation, elle apportera dès lors une réelle valeur ». L'enquête est réalisée à une époque où une grande partie de la chaîne de valeur informatique est externalisée et remplacée par des outils standards du marché. L'impact de cette externalisation est ressenti positivement par 72% des DSI pour qui l'externalisation offre la possibilité de libérer des ressources pour s'impliquer dans l'innovation. Ce qui fait les meilleurs innovateurs Qu'est-ce qui distingue les DSI les plus innovants ? « Ce sont des gens qui excellent à l'opérationnel. Ce sont de bons fournisseurs de services opérationnels, moins dans une relation de type client/fournisseur que de partenariat. Cela implique un système de gouvernance approprié, qui place les technologies de l'information et les métiers dans le même bateau. Il ne faut pas rester dans le modèle MOA/MOE (Maîtrise d'Ouvrage/Maîtrise d'Oeuvre). Il est préférable d'évoluer dans le modèle de travail 'IT Savvy'du MIT. » Photo : Eric Monnoyer, directeur associé, responsable France et Europe de la discipline Business & Information Strategy de Capgemini Consulting L'enquête relève les 5 caractéristiques des entreprises innovantes : - Des relations efficaces entre la DSI et le reste de l'entreprise - L'excellence des prestations informatiques de base - Les dirigeants de l'entreprise comprennent l'informatique - Le rattachement direct du DSI au directeur général ou au directeur des opérations plutôt qu'au directeur financier - Les DSI se définissent comme les « partenaires des différentes entités de l'entreprise » et non comme « des fournisseurs de services techniques ». Le secteur public plus optimiste que le privé « Aujourd'hui, le secteur public a rattrapé les secteurs de pointe sur les technologies de l'information dont ils ont fait un moteur de transformation. Dans le secteur public, le DSI se considère comme le numéro 2 dans l'innovation, à l'opposé de la place d'avant dernier dans le secteur privé ! Internet apporte les applications à disposition du citoyen, les technologies de l'information sont considérées comme des outils de modernisation et de productivité. » Des DSI français à la traîne de l'innovation Les résultats de l'enquête sont plus contrastés lorsque l'on évoque la France. « Les DSI français ne sont pas les plus leaders en matière d'innovation. MOA/MOE sont certainement trop ancrés dans la relation client/fournisseur. » Constatant que, parmi les DSI européens, les français sont les moins confiants sur la crédibilité du département informatique pour conduire l'innovation, Eric Monnoyer insiste : « Cette perception des DSI français reflète probablement les codes imposés par la distinction entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre si spécifique à la France. La première difficulté est d'obtenir des informaticiens qu'ils parlent métiers, la MOE se préoccupant par trop de traduire le langage métier en langage informatique. Ici aussi l'innovation nécessite une structure de gouvernance appropriée, d'adopter la philosophie du risque contrôlé et du risque d'échec. Mais la culture informatique n'est pas une culture de l'échec. » A quand la fenêtre d'opportunité ? Eric Monnoyer s'est interrogé sur la fenêtre d'opportunité. Est-ce pour aujourd'hui ? Les nouvelles technologies, les mashups applicatifs, l'évolution du poste de travail, forment une combinaison qui portent à le croire. La connaissance de l'internet, la mobilité, la relative autonomie dont disposent aujourd'hui les employés pourrait même le confirmer. Mais, « Est-ce que l'outil informatique mis à la disposition des utilisateurs est le bon outil ? ». Réaliste, Eric Monnoyer tranche : Il nous faudrait plus de focalisation de la part des managers sur l'innovation dans les technologies de l'information. Mais les freins constatés, en particulier la pression de l'héritage et des coûts, entraînent un manque de transformations en cours ! » L'opportunité générationelle des 'Shadow IT' L'avenir est dans une nouvelle génération d'utilisateurs, capable d'innover en utilisant les outils informatiques sans l'aide de la direction informatique. « Cette génération des 'techno-natifs', aussi appelée 'Shadow IT' par les DSI, peut constituer une opportunité pour les directions informatiques, estime Eric Monnoyer. « Certaines organisations performantes savent tirer parti de ce gisement de compétences pour accélérer l'innovation par l'usage : veille et conseil sur les applications critiques, tests et déploiements rapides, co-développement au plus près des priorités des métiers. »

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