Les détails de la négociation entre la direction et les syndicats chez Cap Gemini

le 12/04/2008, par Olivier RAFAL, Infrastructure, 831 mots

Le pouvoir d'achat est au coeur des négociations entre la direction de Cap Gemini et l'intersyndicale. Les discussions sont serrées. Les syndicats estiment qu'il n'y a pas eu de progression. La direction affirme que des propositions concrètes ont été formulées.

Au lendemain des trois jours de discussion entre la direction et les organisations syndicales de Cap Gemini, rien n'a progressé, dénonce l'intersyndicale, qui appelle les salariés à se mobiliser de nouveau « pour tout mouvement de grève dans les semaines à venir ». Les revendications portent notamment sur une augmentation générale destinée à rattraper une perte du pouvoir d'achat depuis cinq ans. Un préalable que n'accepte par la direction, qui a formulé d'autres propositions, dont certaines seront appliquées dès le mois prochain. La direction ne veut que préparer la négociation de fin 2008 L'ampleur des mouvements du 28 mars et du 1er avril derniers avait décidé la direction à proposer trois jours de négociation, les 7, 8 et 9 avril. Dans leur communiqué daté du 10 avril, les représentants CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et FO écrivent : « En fait la Direction nous a fourni des éléments destinés à préparer la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire sur les salaires) pour fin 2008. [...] Devant l'intransigeance de la Direction, l'Intersyndicale n'a eu d'autre recours que d'interrompre ce simulacre de négociation, en revenant vers les salariés dans les Assemblées Générales qui vont se tenir à partir du jeudi 10 avril. » Une dizaine de propositions selon la direction La direction de Capgemini ne voit pas les choses du même oeil. Philippe Tavernier, directeur général adjoint de Sogeti qui a mené les négociations avec les syndicats, reconnaît que certaines propositions relevaient bien des NAO. Toutefois, pour lui, « il ne s'agit absolument pas d'un simulacre de négociations. Nous avons proposé ces journées ...... pleines et entières dès le 31 mars, et la réunion s'est bien tenue sur les trois jours. » Autre élément, la direction a apporté « une dizaine de propositions qui relèvent directement ou indirectement des rémunérations et de l'évolution du coût de la vie. » La France a une des plus faibles rentabilités Malgré cela, les négociations ont achoppé sur les principales demandes de l'intersyndicale. Celle-ci réclame une augmentation générale qui rattrapera la perte du pouvoir d'achat depuis cinq ans, un accord salarial pérenne, une revalorisation des frais professionnels et une refonte complète du système d'évaluation des salariés. La direction réplique que « vouloir augmenter de 1 500 € tout salaire inférieur à 50 000 € ne constitue pas une revendication réaliste ». La raison ? « Les syndicats prennent en compte les résultats opérationnels du groupe dans son ensemble, et non les résultats en France ». Or, explique Philippe Tavernier, « le taux de rentabilité en France est un des plus faibles dans le groupe ». Un salaire moyen de 39 462 € De plus, Capgemini juge sa politique salariale équilibrée, des mesures existant déjà pour assurer des augmentations, notamment aux salaires les moins élevés. Philippe Tavernier rappelle ainsi que le salaire moyen des quelque 21 000 salariés était de 39 462 € en 2007, et de 42 758 € si on ne prend en compte que la population des cadres, ...... soit près de 16 000 personnes. Les augmentations de salaire se font de façon individualisée, « au regard de la performance et du potentiel ». Au total cette année, selon Capgemini, « à effectif constant l'augmentation de la masse salariale se monte à 2,8 % ». Des mesures filets « En 2007, 19,3 millions d'euros ont été consacrés à la performance collective des unités au travers de la participation contre 12 millions d'euros en 2006, souligne encore Philippe Tavernier, et enfin des mesures-filets ont été signées en 2006 avec quatre des cinq organisations de l'intersyndicale dans le cadre d'un accord courant jusqu'en 2010 ». Elles prévoient une augmentation automatique de 1,5% pour les personnes touchant moins de 42 834 € et qui n'auraient pas été augmentées les trois dernières années, ainsi que 500 € par an d'indemnité forfaitaire pour les 2% de salariés de chaque branche touchant moins de 32 000 €. Les propositions faites par Capgemini « Afin de concrétiser le dialogue », fait valoir Philippe Tavernier, Capgemini a proposé lors de ces trois jours de négociations de revoir à la hausse ces mesures de l'accord signé en 2006 ainsi que d'autres compléments de rémunération. Ainsi, ce sont 4% des salaires les plus bas qui seront concernés par l'augmentation de 500 € par an, et le délai au-delà duquel la revalorisation devient automatique est raccourci de 3 à 2 ans. « Ces mesures qui touchent l'ensemble des collaborateurs de Capgemini seront appliquées dès le 1er mai, fait-il observer. De même que trois autres mesures : la valeur faciale du ticket restaurant sera portée de 7 à 8 €, « sachant que la participation patronale est de 60% ». Le salarié y est donc de sa poche aussi, rétorque l'intersyndicale ; la direction propose aussi que le remboursement des indemnités kilométriques gagne 3%. Ce qui est calqué sur le barème du Fisc, dénonce là aussi l'intersyndicale ; et les forfaits pour les frais de déplacement des non-cadres seront valorisés de 2%. De nouvelles assemblées générales La direction a communiqué ces décisions hier aux collaborateurs du groupe et fait savoir aux organisations syndicales qu'elle avait d'autres propositions dont elle entend discuter la mise en oeuvre. De nouvelles assemblées générales décideront si l'intersyndicale doit accepter ou s'en tenir à son préalable.

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