Les datacenters sont-ils tous au niveau ?
Le salon Datacenter au CNIT a balayé son sujet, des offres actuelles au futur avec le Software defined datacenter. Derrière cette partie salon, plusieurs participants parlent de la nécessité de certifier, d'avoir des normes et des tests.
« Tous les datacenters installés avant 2005 sont obsolètes », lance Emmanuel Bour, project manager de la start-up Rentaload. Rien de provocant dans ces propos, ce n'est pas son style, et d'autres acteurs du marché livrent le même diagnostic. Sans être totalement tabou, le sujet est encore souterrain : quel est l'état exact des datacenters proposés en France ?
Un élément intrigue, celui des fameuses certifications « Tier ». Nombre de datacenters en France l'invoquent, soit pour s'en prévaloir, soit pour dire « nous sommes presque « Tier4 » comme l'a fait Orange avec son nouveau datacenter de Val-de-Rueil. Problème, il s'agit le plus souvent de déclaratif, les opérateurs se disent conformes à la certification « Tier » (2, 3, ou 4), mais c'est un organisme qui la délivre, le Hoptime Institute et celui-ci a très peu de clients certifiés en France.
75% des serveurs ne sont pas testés
De plus en plus de datacenters de toutes tailles se créent, l'héritage n'est pas négligeable et pourtant le client n'a pas d'élément pour se forger une opinion. « 75% des serveurs qu'on place dans les racks ne sont pas testés » remarque Emmanuel Bour. Lui, propose avec sa société des bancs de charge (en photo) qui permettent aux clients de tester leurs serveurs avant de les placer dans un datacenter.
Autre inquiétude, elle a trait à la gestion des datacenters, au DCIM, Datacenter infrastructure management. « Un terme très marketing apparu il y a quatre ans, note le consultant Gilles Deligand, avec des offres de grands constructeurs ou d'éditeurs spécialisés sur ce thème ». Le DCIM est très demandé par les opérateurs de datacenters pour vérifier l'état et le déploiement de toutes les ressources électriques, physiques ou celles qui stockent les données. Un système logiciel censé gérer les assets informatiques, électriques et physiques et très demandés par les DSI.
Le CESIT veut former et certifier
Visiblement les DCIM pourraient également être certifiés. Le CESIT, association regroupant les exploitants de salles informatiques prépare des formations sur ce thème et souhaite une certification pour clarifier l'état réel des datacenters aux yeux des clients.
Tout le monde se souvient de la panné intervenue chez Online, l'hébergeur filiale d'Iliad, en juillet 2013 à Vitry-sur-Seine, suite à un incident chez ERDF. Deux des six groupes électrogènes censés prendre le relai ont fait défaut. L'interruption a duré 46 minutes. Des systèmes de refroidissement devenus inopérants ont entraîné une montée de la température dans certaines salles. L'un des commutateurs aurait aussi rendu l'âme. Selon Rentaload, chaque datacenter, en moyenne, subit une interruption de 90 minutes chaque année.
Comment les DSI peuvent-ils s'assurer de la qualité des datacenters auxquels ils ont recours, au-delà des déclarations marketing des opérateurs spécialisé ? La question est également publique en raison de la consommation d'énergie de ces salles. Un datacenter de 10 000 mètres carrés consomme autant qu'une ville de 50 000 habitants chaque jour, il en existe une soixantaine de cette taille en France et 145 de plus de 1000 mètre carrés. En France, toujours selon l'étude de Rentaload, les datacenters consomment 9% de l'électricité du pays. Intéressants en termes d'aménagement du territoire, ils sont également scrutés avec méfiance pour l'énergie dépensée, là aussi la fiabilité des informations est importante.