Les coûts de terminaison d'appel en voie de bouleversement en Europe
(Source EuroTMT ) Une petite révolution serait en préparation dans la téléphonie mobile européenne. C'est l'enseignement à tirer de l'étude réalisée par Natexis Securities à l'occasion de la publication par le Groupe des Régulateurs Européens (ERG) d'un bilan sur l'évolution de la terminaison d'appel mobile. Selon ce document, le tarif de la terminaison d'appel s'établissait en effet en moyenne à 6,4 centimes d'euro au 1er juillet dernier, en baisse de 25,4 % sur un an. L'ERG indique ainsi que le tarif le plus bas (à Chypre) est de 1,9 centime d'euro et le plus élevé (en Bulgarie) à 13,3 centimes d'euro. La France, en fixant un tarif de 4,5 centimes d'euro pour les opérateurs France Télécom et SFR depuis le 1er juillet, se classe donc parmi les bons élèves en Europe. Mais, ce qui intéresse surtout les analystes de Natexis Securities c'est l'ampleur de la baisse constatée au 1er juillet et les implications d'un tarif cible entre 1 et 2 centimes d'euro fixé par la commission européenne pour l'horizon 2013. La baisse constatée par l'ERG est en effet le double de la tendance enregistrée depuis plusieurs années (- 12 % par an sur les quatre dernières années). Or pour atteindre le niveau recommandé par Bruxelles, les régulateurs nationaux vont devoir accélérer le mouvement. Selon Natexis, le tarif moyen en Europe devrait baisser de 35 % par an en moyenne. Mais si quelques pays (comme la France) se sont clairement inscrits dans cette logique, ce n'est ... ... pas (encore ?) le cas d'une majorité de pays qui traînent des pieds. Et pas seulement des pays intégrés récemment dans l'Union européenne. Deux grands pays s'opposent toujours à cette évolution : la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Une résistance qui ne peut que retarder les décisions qu'ils devront de toute façon prendre, les pays se conformant à la recommandation de la Commission et la Commission elle-même, surtout si Viviane Reding, la commissaire en charge de la société de l'information, est reconduite à son poste, faisant pression pour les y contraindre. Et le retard pris par ces deux pays pour se conformer à la recommandation de la Commission fait peser de sérieux risques sur les opérateurs présents sur ces marchés. A l'horizon de 2013, on peut donc s'attendre à ce que les tarifs de la terminaison d'appel soient bien plus bas. Ce qui pèsera inévitablement sur les comptes et la rentabilité des opérateurs mobiles : ce tarif concourt en moyenne à 15 % aux revenus des acteurs. Deuxième effet, ce sont les plus grands acteurs endettés, estime Natexis, qui seront les plus pénalisés par cette baisse. Si les petits acteurs, comme Bouygues Telecom en France ou E-Plus en Allemagne, ne bénéficieront plus de tarifs plus élevés (pour respecter le principe de symétrie tarifaire), ils pourront toutefois baisser significativement les tarifs grand public, n'ayant plus à décaisser d'importants reversements aux leaders du marché ni à gagner des parts de marché. En clair : le jeu concurrentiel va s'en trouver bouleversé. Et d'autres acteurs en profiteront aussi : les FAI, qui pourront intégrer les appels vers les mobiles dans leurs forfaits au haut débit. Cette perspective permet d'envisager une amélioration sur les marchés, comme la France, où la concurrence par les prix demeure encore très limitée. Un élément à prendre aussi en compte pour comprendre l'équation économique de la quatrième licence qui est doit être prochainement attribuée.