Les bonnes pratiques ubuesques
L'application bornée des consignes de sécurité relève parfois de la névrose, parfois du fonctionnariat, dans tous les cas des mesures contre-performantes. Et, dans ce domaine, il est difficile de battre les employés chargés du « filtrage » des aéroports, celui d'Heathrow notamment.
Ainsi cette interdiction formelle d'entrer en zone d'embarquement à toute personne possédant deux bagages cabines de petite taille... sous prétexte de sécurité, cela va sans dire. Le simple fait de glisser ces deux mêmes sacs dans un emballage plastique résout le problème aux yeux des cerbères. Passons également sur les dispositions issues d'un cerveau particulièrement torturé bannissant les éléments liquides en cabine au-delà d'une certaine contenance. Probablement un expert en explosifs chimiques qui n'aurait pas très bien compris les enseignements de ses professeurs... ou un militant attardé du mouvement des hydropathes. Quoique, sur ce point précis, on pourrait se demander de qui relève la plus grande incompétence : de ceux qui « inventent » un risque quasi-nul dont la tentative de contrôle coutera une fortune*, ou les autorités locales et directions des aéroports qui obtempèrent sans plus réfléchir.
Cette semaine, ce fut au tour de James Hetfield, leader du groupe hard Metallica, de faire les frais d'une mesure de sécurité draconienne. Le chanteur s'est fait, nous assure le New Zealand Herald, littéralement intercepter à son arrivée à Londres sous prétexte qu'il arborait une barbe rappelant furieusement les pilosités talibanes. Le jour ou ZZ-Top tentera d'atterrir sur le vieux continent, il faudra s'attendre au déclenchement d'un plan Orsec.
* Dans l'ensemble des pays de la C.E., ce filtrage est pratiqué par des entreprises extérieures, et le coût de ces dispositions est nécessairement répercuté sur le prix des titres de transport. Sur la seule zone de Francfort, ces chasseurs de bouteilles d'Evian parviennent à confisquer jusqu'à 3 tonnes de liquides par jour, allant de la boisson aux flacons de parfums achetés en zone « duty free ». Cette perte de bien s'ajoute également aux charges que supportent les passagers. La seule tentative d'attentat par composants liquides n'a pas fait l'objet d'une analyse de faisabilité réelle. Une seule tentative de ce type a été interceptée à l'aéroport d'Heathrow, bien avant que ne soit institué la campagne « chasse d'eau ».