Les AirTag désormais bannis des vols Lufthansa
Après un été cauchemardesque marqué par la perte de millier de bagages dans les aéroports, Lufthansa a décidé d'interdir les AirTag d'Apple sur les bagages dans les soutes de ses avions. Pour justifier cette interdiction, la compagnie aérienne allemande revendique le respect des directives internationales, mais d'autres compagnies ont un avis différent.
La compagnie aérienne allemande Lufthansa a interdit les AirTag sur ses vols, depuis que des passagers ont utilisé le dispositif pour localiser des bagages perdus. Sur Twitter, un représentant de la société a déclaré que Lufthansa avait interdit les AirTag activés dans les bagages, car ils étaient classés comme dangereux et devaient être éteints. Pressé d'en donner la raison, un autre représentant a affirmé que la décision était basée sur des directives internationales. Selon les directives de l'organisation de l'aviation civile internationale (OACI), les traceurs de bagages sont soumis à la réglementation sur les marchandises dangereuses. « En outre, en raison de leur fonction de transmission, les trackers doivent être désactivés pendant le vol s'ils se trouvent dans un bagage enregistré et ne peuvent donc pas être utilisés », a notamment écrit le représentant de Lufthansa. Certes, les AirTag peuvent être retirés du Find My relativement facilement, mais cela va à l'encontre du but recherché.
Samedi cependant, dans une déclaration plus officielle, Lufthansa a déclaré à Airways magazine qu'elle n'avait pas interdit les AirTag, et qu'aucune directive ou réglementation de Lufthansa ne les interdisait. Ce qui n'a pas vraiment éclairci la situation. L'OACI a bien énoncé un règlement permanent sur ces dispositifs, mais cela n'a rien à voir avec Lufthansa ou tout autre transporteur. Toutefois, l'explication a l'air très sémantique : Les AirTag sont interdits sur les vols, alors que le débat semble porter sur la question de savoir qui a pris cette décision. En ce qui concerne les directives, personne n'a l'air très sûr de la légitimité de l'affirmation. Un grand nombre de personnes interrogées sur Twitter ont insisté sur le fait qu'il existait une exemption pour les dispositifs contenant des piles au lithium d'une taille inférieure à un certain seuil et que les AirTag devraient en bénéficier. L'agence nationale américaine de sécurité dans les transports (Transportation Security Administration, TSA) a déclaré qu'il n'y avait pas de problème avec les traceurs sans fil, et le site allemand Watson, qui a révélé l'histoire, a reçu une réponse similaire des représentants des aéroports de Munich et de Berlin.
Une utilisation tolérée
Dans l'ensemble du secteur aérien, il ne semble pas y avoir de consensus concernant les AirTag. Comme le fait remarquer le site Watson, beaucoup de compagnies aériennes les tolèrent. Un représentant d'American Air a déclaré à Macworld sur Twitter, plutôt prudemment, « qu'à l'heure actuelle, aucune information n'indique que ces dispositifs sont interdits sur nos vols ». EasyJet a déclaré : « Nous n'avons pas de politique interdisant la présence d'Apple AirTag à bord ». Plusieurs autres compagnies aériennes ont été contactées dont nous attendons les réponses. Seul un expert des réglementations aériennes pourrait nous éclairer sur les tenants et les aboutissants de la classification des marchandises dangereuses. Mais l'on peut se demander pourquoi il a fallu attendre octobre 2022 pour que des réglementations préexistantes soient utilisées pour interdire un dispositif sorti en avril 2021. Le timing suggère fortement que le sujet est lié à un comportement récent des utilisateurs, plutôt qu'à un danger prouvé scientifiquement. Car, si quelqu'un avait eu le moindre doute sur la dangerosité des AirTag sur la sécurité aérienne, ils auraient été interdits dès le premier jour.
Les trackers AirTag d'Apple ont été lancés en avril 2021, mais ce n'est que récemment que la Lufthansa les a examinés de près. (Crédit : Apple)
Les experts du voyage se demandent si la vraie motivation de Lufthansa ne se trouve pas ailleurs, notamment dans la façon dont les passagers ont commencé à utiliser les AirTag pour suivre et localiser des bagages perdus. Ben Schlappig, de l'association One Mile At A Time, ne se dit pas surpris que Lufthansa soit la première compagnie aérienne à ajouter une telle interdiction. Lufthansa n'est pas la plus appréciée des voyageurs, et la compagnie a connu un été épouvantable de bagages perdus. Les AirTag permettent aux voyageurs de savoir exactement où se trouvent leurs bagages, et l'on peut penser que certaines compagnies aériennes n'apprécient pas vraiment ce suivi. Sur Twitter, une tonne de personnes se plaint de l'attitude de Lufthansa parce qu'elles savent exactement où se trouve leur bagage, alors que la compagnie aérienne refuse de les aider. En fin de compte, il s'agit davantage d'une question de relations publiques que de légalité. Lufthansa est tout à fait libre d'interdire certains appareils sur ses vols, et du point de vue du client, il importe peu que l'interdiction émane de la compagnie aérienne ou de l'organisation de l'aviation civile internationale. Son seul recours est de voler avec une compagnie aérienne qui autorise les AirTag. Sauf que Lufthansa a peut-être ouvert une brèche, et que d'autres compagnies aériennes pourraient lui emboîter le pas.