Le sort de l'opérateur historique grec suspendu au destin de ses fonctionnaires
(Source EuroTMT) OTE est l'opérateur historique grec. A l'heure où la crise financière touche de plein fouet l'économie du pays, l'opérateur est en première ligne et c'est une opération de la dernière chance qui est lancée pour tenter de le sauver.
L'état grec détient encore 28 % du capital d'OTE et Deutsche Telekom contrôle 20 % des actions. Tous deux ont décidé, le 22 octobre dernier, de confier les pleins pouvoirs à Michael Tsamaz, nommé PDG de la société.
Ce choix s'est imposé aux deux actionnaires liés par un pacte conclu en 2008, en raison du parcours sans faute réalisé par cet homme, patron de Cosmote, la filiale mobile de l'opérateur grec, qui en a fait l'un des acteurs majeurs de la téléphonie mobile en Europe du Sud.
La carrière internationale de Michael Tsamaz a aussi pesé dans ce choix. Avant d'intégrer OTE en 2001, il avait travaillé pour Philips Morris puis pour Vodafone, dirigeant notamment les filiales locales de ces deux groupes. Pour Michael Tsamaz, qui doit officiellement entrer en fonction le 3 novembre, jour de la publication des comptes du troisième trimestre, la mission est claire. Il doit ccélérer le plan de restructurations mis en oeuvre par son prédécesseur pour redresser les comptes de l'opérateur plombés par la crise et par ses propres difficultés sur le marché grec.
La crise s'est traduite pour les opérateurs télécoms par un effondrement de la consommation des abonnés. Les revenus d'OTE sont ainsi en baisse de ...
Photo : Michael Tsamaz, nommé PDG de OTE (D.R.)
(Source EuroTMT) ... 5,8 % au premier semestre 2010, et reculent même de plus de 8 % au deuxième trimestre. Pire, OTE enregistre aussi une grave hémorragie de ses clients.
A l'issue du premier semestre, le nombre de ses abonnés à la téléphonie fixe avait reculé de 8,6 %, soit une perte de quelque 400 000 clients ! Dans la téléphonie mobile, OTE a enregistré une diminution de 3,2 % du nombre de ses abonnés en Grèce.
Seul point positif, dans le haut débit, OTE enregistre un gain de 9,2 %. Mas ses concurrents progressent bien plus rapidement. Le nombre de lignes dégroupées a bondi de 44 % sur un an et OTE a vu sa part de marché tomber sous la barre des 50 % à fin juin 2010.
Pour OTE, ses difficultés commerciales s'expliquent par la régulation mise en oeuvre par l'autorité nationale de régulation, qui se traduit par des tarifs grand public très supérieurs (jusqu'à 40 %) à ceux des opérateurs alternatifs.
Pour régir sur le terrain commercial, l'opérateur historique a décidé d'investir dans un nouveau réseau à très haut débit qui doit couvrir dans un premier temps 125 000 foyers. Il a retenu une solution de type FTTC (Fibre to the Curb) associée à du VDSL pour desservir l'abonné. Une solution qui a d'ailleurs été évaluée en son temps par Deutsche Telekom. OTE n'a toutefois pas indiqué le montant exact de cet investissement et son calendrier de mise en oeuvre.
Pour Michael Tsamaz, le plus dur sera de faire accepter par les syndicats les suppressions d'emplois jugées nécessaires pour redresser la situation financière. Si l'opérateur a vu ses effectifs diminuer de plus de 6 % sur un an, il compte encore plus de 11 000 salariés en Grèce, la plupart étant des fonctionnaires.
Les coûts salariaux pèsent pour plus de 33 % dans les coûts d'exploitation de l'opérateur, un niveau jugé trop élevé. De la capacité du nouveau PDG à conclure un accord avec les syndicats dépendra certainement l'avenir de la société, à l'heure où Deutsche Telekom souhaite se renforcer au capital. En mars dernier, l'opérateur allemand avait indiqué sa volonté d'acquérir une nouvelle tranche de 10 % du capital.