Le secteur logiciel britannique creuse largement l'écart avec le français
Les français aiment à penser qu'ils sont d'excellents développeurs de logiciels. Cette capacité ne se concrétise pas par le succès de leur industrie logicielle. Les industries allemande et britannique dans ce domaine pèsent nettement plus lourd. Et ceci de plus en en plus !
L'île de France recule d'une place et passe à la troisième position en 2009 dans le classement européen des régions technologiques (appelées « clusters »), dans le secteur du logiciel. Elle se fait doubler par la région Sud-Est de l'Angleterre, incluant le Grand Londres. L'information est issue d'une étude réalisée par Truffle Capital, avec le soutien de Neelie Kroes, Commissaire européen responsable de la société numérique, et du Syntec Informatique, avec IDC et le CXP.
En 2009, l'écosystème francilien regroupant les acteurs du logiciel a augmenté son chiffre d'affaires à 2,6 milliards d'euros contre 2,5 milliards en 2008. Mais dans le même temps, à Londres et dans le sud de l'Angleterre, ce secteur a littéralement bondi de 1,9 milliard d'euros à 3,1 milliards, dans le classement réalisé à partir des résultats du Truffle 100 Europe 2010.
En première position, on trouve toujours l'industrie logicielle de la région allemande Rhin-Main-Neckar. Elle génère des revenus quatre fois plus importants, à 11,7 milliards d'euros. Ceux-ci ont toutefois baissé de 6,5% entre 2008 et 2009. De même, l'effectif en R&D outre-Rhin sur cette zone géographique a diminué en 2009 d'environ 3 000 emplois pour descendre à 16 000 personnes. Dans les régions Sud-Est de l'Angleterre et en Ile-de-France, en revanche, ces effectifs ont augmenté : ...
Illustration D.R.
.... 7 300 personnes en 2009 pour la première (contre 6 700 en 2008) et 6 400 personnes pour la deuxième (contre 5 900 en 2008).
Une partie des emplois hautement qualifiés créés par l'industrie du logiciel, des emplois « qu'occuperont les générations futures », rappelle Bernard-Louis Roques, co-fondateur de Truffle Capital, risque d'être freinée dans son développement. Les acteurs français du logiciel s'inquiètent en ce moment même de la modification du statut de la Jeune Entreprise innovante que souhaite mettre en place la nouvelle loi de finance. Le soutien financier aux "start-up" du logiciel pourrait s'en trouver réduit, par souci d'économie budgétaire.
En France, pourtant, les pôles de compétitivité créés en 2005, à l'initiative de Nicolas Sarkozy qui était alors ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, jouent un rôle important dans le développement de l'innovation. La région francilienne réunit sept pôles très actifs : Cap Digital, OpticsValley, Medicen, Advancity, Nov'eo, Finance Innovation et Systematic, ce dernier « fédérant plus de 540 acteurs industriels, PME et scientifiques », rappelle Dominique Potier, son directeur Recherche & Technologie.
Si on regroupe toutes les régions technologiques, l'Allemagne reste très largement en tête avec un chiffre d'affaires de 12,8 milliards d'euros en 2009 sur le secteur du logiciel. Le Royaume-Uni la suit avec 6 milliards de revenus dans ce domaine (contre 3,9 milliards en 2008) et trois régions placées dans le Top5. La France génère un chiffre d'affaires deux fois moindre : 3,1 milliards (2,9 milliards en 2008). A la quatrième position du classement par pays, l'industrie logicielle des Pays-Bas a réalisé 811 millions d'euros. Suivent la Suède, la Norvège, la Finlande et l'Italie.