Le secret de l'insolente santé de l'équipementier chinois Huawei
En sept ans, Huawei a multiplié par dix son chiffre d'affaires. Ce ne sont plus seulement ses prix bas qui expliquent son succès. Il fait jeu égal technologiquement avec les européens. Et surtout, il bénéficie du marché intérieur chinois en pleine croissance et qui fait la part belle aux fournisseurs locaux.
(Source EuroTMT ) L'année 2010 a à peine commencé, et Huawei a déjà fait ses comptes pour 2009. L'année qui vient de s'achever s'est révélée, une fois encore, brillante pour le principal équipementier télécoms chinois, malgré la crise économique et la forte réduction des investissements enregistrés chez les opérateurs. Selon les chiffres qu'il a communiqués à Interfax China et à Light Reading, Huawei revendique en effet un montant record de prises de commandes de plus de 30 milliards de dollars et un chiffre d'affaires effectif de 21,5 milliards. Par rapport à 2008, les prises de commandes augmenteraient ainsi de 29 % et les revenus de 17 %. Certes ces taux de croissance marquent un tassement par rapport aux années précédentes. En 2008, il affichait un bond de 46 % pour les commandes et une progression de 45 % pour ses revenus. Mais ils demeurent à un niveau très élevé, alors que la plupart des analystes estiment que le marché des équipements télécoms a dû enregistrer une baisse de l'ordre de 10 % en 2009. Cette bonne santé de Huawei tranche singulièrement avec les difficultés rencontrées par les grands équipementiers occidentaux. A l'issue des neuf premiers mois de 2009, les revenus de Nokia étaient en recul de 27 % et ceux d'Alcatel-Lucent de 7 %. Seul Ericsson affichait une petite hausse de 4 %. Pour mesurer le chemin parcouru par Huawei, quelques chiffres suffisent. En 2002, l'équipementier pesait dix fois moins lourd qu'aujourd'hui puisqu'il ne réalisait alors que 2,1 milliards de dollars de ventes et ses commandes ne s'élevaient qu'à 2,7 milliards. Surtout, le succès de Huawei ne s'explique plus seulement par des prix faibles, obtenus grâce à ses usines et ses équipes chinoises. Alors que la plupart des grands équipementiers ont externalisé en Chine de larges pans de leur fabrication, Huawei s'est aussi hissé technologiquement au niveau des meilleurs, comme l'ont confirmé les nombreux contrats qu'il a pu gagner l'an dernier, notamment dans ... Photo : stand Huawei sur un salon (D.R) (Source EuroTMT ) ... la toute nouvelle technologie LTE (Long Term Evolution) destinée à équiper les réseaux mobiles à haut débit, et également baptisée 4G. Huawei a ainsi décroché, l'an dernier, un gros contrat dans la 4G avec Telenor, battant Ericsson et Nokia Siemens Networks. C'est aussi d'ailleurs le cas pour ZTE qui revendique un rôle de leadership dans l'évolution des technologies PON (réseaux optiques passifs pour les réseaux FTTH). Et si Huawei s'est bien comporté en 2009, il le doit aussi au soutien obtenu auprès des opérateurs mobiles chinois. La part de chiffre d'affaires venu de l'étranger dans ses commandes est en effet tombée à 53 % en 2009, contre plus de 70 % en 2008. Cela provient à la fois de l'effet de la contraction des dépenses des opérateurs occidentaux et du nouveau cycle d'investissement des opérateurs mobiles chinois qui déploient leurs réseaux 3G et favorisent, dans leurs commandes, les équipements chinois. Huawei a aussi indiqué qu'il s'attendait, pour 2010, à une hausse de 20 % de ses prises de commandes (à 36 milliards), sans donner toutefois une prévision de ses ventes. Mais cette première publication de ses chiffres pour 2009 (qui doit être confirmée et précisée en avril prochain lors de la publication officielle de son rapport annuel) devrait conforter Huawei dans son nouveau statut de numéro deux mondial des équipements télécoms, une place arrachée à Nokia Siemens Networks dès la fin du troisième trimestre 2009. Incertitudes sur Alcatel-Lucent Si Huawei affiche une santé insolente, la situation, du moins à court terme, d'Alcatel-Lucent continue d'inquiéter des analystes financiers. Selon une étude de Soleil Securities Group, l'équipementier franco-américain pourrait manquer ses objectifs de ventes et de résultat opérationnel au quatrième trimestre 2009, en raison d'une nouvelle baisse des dépenses chez ses principaux clients durant ce trimestre, ainsi qu'en raison de reports de projets en Chine. Cependant, l'analyste se dit plutôt confiant dans l'avenir d'Alcatel-Lucent, en raison notamment de ses performances dans le marché des routeurs IP.