Le rapport Champsaur veut pousser la fibre optique dans les zones peu denses
Le Président de la République a fixé un cadre : le FTTH (débit supérieur à 30 Mbit/s) pour tous en 2022. Problème principal : comment passer du cuivre à la fibre optique dans les zones peu denses ?
Paul Champsaur a remis son rapport (79 pages) à Bercy. Généralement, un seul thème a été retenu celui de l'arrivée de la fibre optique partout en 2022. Thème déjà présenté par François Hollande comme objectif. Le rapport est en fait plus prudent et plus précis.
Il propose la création d'un statut de « zones fibrées ». Des zones équipées en fibre optique où il faut encourager le basculement des abonnés du cuivre vers la fibre optique. Encourager comment ? Le rapport ne précise pas puisque c'est l'Etat qui prendra en charge la mutation. Orange de son côté fibre déjà directement les immeubles neufs et ne les couvre plus en cuivre pour faciliter aussi la bascule. Mais le sujet principal reste els zones peu denses où risque de cohabiter deux réseaux, un en cuivre et l'autre en fibre. Le rapport insiste sur l'opération d'extinction du cuivre, celle où après l'installation de la fibre, les abonnées seront contraints de passer ou fortement incités à passer à la fibre.
Normalement le dispositif, encore à préciser par Bercy, doit permettre d'arrêter le cuivre quand il est en concurrence avec des réseaux Adsl. Pas évident car ces derniers ont été « dopés », en VDSL2 ou en G Fast. On notera qu'en Grande-Bretagne, BT mise sur ce G Fast. L'option fibre optique n'est donc pas une simple évidence et ne s'imposera pas d'un coup de baguette magique.
Une « rente » d'environ 500 millions d'euros par an
L'autre point mystérieux, toujours financier, reste d'éventuelles compensations à donner à Orange. L'opérateur bénéficie en effet d'une « rente » environ 500 millions d'euros par an pour exploiter le réseau en cuivre (installé dans les années 70), inversement il le maintient ce qui représente des coûts.
La bascule va également se pencher sur les réseaux particuliers de télérelève, les ascenseurs, tous ces micro-réseaux qui assurent des fonctions évidentes de sécurité. Les changer nécessite de nombreux investissements, publics et privés, d'entreprises, d'immeubles, de particuliers. Le sujet n'est jamais abordé.
Bercy devrait préciser sa position sur tous ces points. Il ne suffira pas de passer des DSLAM aux baies optiques, même si ces dernières seront moins nombreuses. Seule réaction, celle de l'Avicca qui demande la prise en compte rapide du rapport et sa traduction en décrets. Elle observe que « d'une part le tarif du cuivre doit augmenter, d'autre part des aides au raccordement des usagers doivent être apportées... Le nouveau Président de l'ARCEP a également annoncé l'ouverture du chantier sur la tarification du cuivre. Les conditions sont donc réunies pour réussir ce grand chantier, auquel plus de 80% des collectivités participent déjà dans le cadre du plan France Très haut débit. »
La Mssion Champsaur se préoccupe aussi de la visibilité des investissements des opérateurs. Le débats ont dû être intenses, la Mission a travaillé plus de 18 mois, elle a tenu 15 réunion set rencontré plus de 60 personnes, la remise du rapport final a même été repoussée de deux mois. La balle est clairement dans le camp de l'Etat pour les quatre mesures identifiées par la Mission : créer un statut de « zones fibrée », encourager le déploiement de réseaux en fibre optique, migrer la clientèle, procéder à l'extinction du cuivre. Progressivité ne veut pas dire lenteur et l'extinction en particulier doit se prévoir dès maintenant.