Le rachat de Portugal Télécom par Altice, plus difficile que prévu
Les dirigeants d'Altice, holding de Patrick Drahi détenant Numericable-SFR, sont à Lisbonne ce lundi. Ils attendre les résultats de l'Assemblée générale de Portugal Télécom qui doit donner le feut vert au rachat de cet opérateur par Altice.
Vendredi, le régulateur portugais de la bourse, la CMVM, Comissão do Mercado de Valores Mobiliários, a émis des réserves sur la tenue ce lundi d'une Assemblée générale des actionnaires de Portugal Télécom (PT). Ils devaient se prononcer sur la vente de leurs parts à Altice, un projet en bonne voie puisque l'actionnaire majoritaire, le brésilien Oi avait de son côté voté pour cette vente. Mais ce régulateur estime que l'opérateur historique portugais a du mal à fournir des informations claires aux actionnaires et à répondre à ses propres questions. Le régulateur a d'ailleurs suspendu l'action de PT vendredi.
La veille, le cabinet PwC, PricewaterhouseCoopers, avait rendu son rapport. A la demande de l'opérateur il enquêtait sur le prêt consenti par celui-ci à la société financière Rioforte, un prêt de 897 millions d'euros, qui ne sera jamais remboursé, Rioforte ou plutôt sa maison-mère ayant fait faillite. Un prêt qui s'est fait à l'insu de l'actionnaire majoritaire. Cette affaire a couté leurs postes à Henrique Granadeiro, Pdg de PT, démissionnaire au mois d'août dernier et Zeina Bava, Pdg d'Oi, et ancien Pdg de PT, en octobre.
Le verdict de PwC
Le projet de fusion entre Oi et PT, conclu au mois de mai 2014, n'a pas été mené à bout, Oi étant refroidi par cette affaire. En fait, les actifs de Portugal Télécom, PT, sont bien en voie d'intégration dans Oi, mais la holding de PT, SGPS dispose encore d'un droit de véto sur l'opération (elle détient 25,6% d'Oi). C'est pour se sortir d'affaire, que la direction de Portugal Télécom a fait appel au cabinet PwC. Celui-ci estime que l'opérateur a conduit une politique de risques à court terme quand il s'est porté sur Rioforte.
Le régulateur boursier de son côté avait tenté d'obtenir des informations de l'opérateur, de manière à clarifier l'opération prévue. L'opérateur n'a pas livré les informations demandées, selon le régulateur. La direction de l'opérateur soutient pourtant qu'elle a bien fourbi les bonnes informations, mais que, si les actionnaires le demandent, elle est prête à remettre l'AG à plus tard.
Plusieurs perquisitions
Le brésilien Oi et Altice avaient conclu leur accord au mois de décembre, Oi voulait se concentrer sur son marché local, Altice trouvait à Lisbonne une nouvelle occasion de se développer en dehors de la France. C'est bien l'affaire Rioforte qui lui a fait faire volte-face. Elle a également pris une autre tournure avec la perquisition menée par les enquêteurs du fisc et ceux de la brigade financière jeudi dernier, à la fois dans les locaux de l'opérateur et dans ceux du cabinet d'études et d'audit. L'enquête porte sur des « soupçons de fraude aggravée » dans le cadre de « placements financiers ». Le Président de l'Autorité boursière du Portugal, Carlos Tavares a parlé « d'éventuels comportements criminels » dans l'affaire Rioforte.
Une affaire extrêmement embrouillée qui comporte en fait plusieurs volets. L'un concerne la fusion entre Oi et PT, elle doit être dénouée. L'autre le rachat de ces actifs de PT, par Altice. Enfin, l'affaire Rioforte qui empoisonne les deux autres dossiers. La direction de PT est également aux prises avec plusieurs enquêtes et avec plusieurs actionnaires, Oi, Altice, SGPS, aux intérêts contradictoires et qui lui demandent des comptes.