Le petit monde des smartphones voit arriver les fabricants de PC
Les acteurs de l'informatique sont nettement en retard sur les Nokia, Samsung et autres HTC sur le marché des smartphones. Ils entendent désormais les concurrencer avec comme atout leur capacité à intégrer de nouveaux systèmes d'exploitation tels qu'Android de Google.
Hormis Apple, qui fait figure d'exception, on ne trouve aucun fabricant issu de l'univers de la micro-informatique dans le Top 5 mondial des fournisseurs de smartphones établi par l'institut Gartner. Et pour cause, la part de marché cumulée des constructeurs d'ordinateurs n'atteint même pas 1% sur ce segment du marché de la téléphonie mobile. Ils doivent désormais agir vite pour capter une partie des revenus de plus en plus juteux tirés de la vente de ces téléphones hyper-évolués. Ce qui leur permettrait, de surcroît, de compenser la chute des ventes de leurs PC portables. 2009 est en effet une année charnière. A la fin de décembre prochain, les ventes mondiales de smartphones devraient atteindre 180 millions d'unités et dépasser pour la première fois celles des notebook (PC portables) grand public. En 2012, l'écart sera encore d'avantage creusé avec un marché des smartphones où les ventes généreront 191 milliards de dollars pour les fabricants contre 152 milliards sur celui des PC portables. Un retard aux causes parfois culturelles Si l'on peut reprocher aux fabricants de PC d'avoir mis du temps à sentir le vent tourner, ils prennent aujourd'hui le problème à bras le corps. Au début de cette année, le taiwanais Acer avait ainsi lancé ses premiers modèles et créé pour l'occasion la division dédiée Smart Handheld Business Group. En 2010, Dell devrait entamer la commercialisation de son Mini 3i aux Etats-Unis après l'avoir lancé en Chine. En face, du côté des fabricants de smarphones, Samsung comme LG, qui bénéficient déjà d'une bonne position sur le segment des téléphones mobiles, ont récemment lancé de nouveaux modèles de smartphones. Ils ne ne disposaient que d'un catalogue limité dans ce domaine. « La volonté de LG a toujours été d'aborder le marché de la téléphonie mobile sous l'angle du marché de masse", explique Julien Le Tourneur, chef produits chez LG France. "Or, à l'origine, les smartphones ... ... constituaient une gamme de produits destinés aux professionnels. Leur démocratisation nous amène aujourd'hui à nous focaliser davantage dessus ». Pour Jean-Daniel Beurnier, le PDG du distributeur Avenir Telecom, le retard pris par les fabricants issus du monde du PC pour se positionner sur celui des smartphones tient aussi à des raisons culturelles : "Dans le monde de la téléphonie mobile, le mode de commercialisation est totalement différent de celui de l'informatique". Le marché de la téléphonie fonctionne sur la base d'un réseau sponsorisé par les opérateurs. Ce sont eux qui imposent leur vision des choses, jusque dans la conception des produits, et pas les constructeurs. Dans le domaine de l'informatique, personne n'impose à un fabricant de PC une personnalisation aussi poussée de ses produits. Android, une opportunité pour les acteurs du PC Aujourd'hui, les acteurs de l'informatique ont globalement appris de leurs erreurs. De fait, ils se trouvent aujourd'hui en position de se faire un nom sur le segment des smartphones. Notamment parce que ce marché connaît aujourd'hui des transformations importante « Dans nos métiers, nous n'avions encore jamais connu une offre aussi pléthorique en termes de produits, de form factors et de systèmes d'exploitation », confirme Jean-Daniel Beurnier. Or, c'est peut-être leur habitude d'intégrer des systèmes d'exploitation dans leurs matériels qui constitue le meilleur atout des fabricants de PC pour prendre des parts de marché à certains acteurs historiques de la téléphonie mobile. Arrivé sur le marché depuis peu, Android, le système d'exploitation pour mobile de Google, fait déjà beaucoup parler de lui. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un fabricant n'annonce la sortie d'un smartphone embarquant ce système d'exploitation. Certains pourraient pourtant ne jamais faire ce type d'annonce ou pas avant longtemps. Par exemple Nokia, le numéro un du marché. Il serait en effet risqué pour le constructeur finlandais de ne plus privilégier ses systèmes propriétaires (des variantes de Symbian), au risque de perdre la bataille des applications qui se joue entre les constructeurs de smartphones. Accessoirement, Nokia va chasser sur les terres des fabricants de PC avec un netbook fonctionnant sous Windows 7 annoncé en début d'année, le Booklet 3G. Le finlandais a toujours voulu s'émanciper du pur téléphone, et avait proposé également une tablette sous Linux, sans grand succès jusqu'alors. La démarche vers Android serait également difficile pour le canadien RIM qui a bâti sa fortune grâce à ses services d'email en mode push sur ses matériels équipés de son propre système d'exploitation mobile. Avec l'intensification de la concurrence sur le segment des smartphones induite par l'arrivée de fabricants de PC, les prix élevés de ces matériels pourraient baisser. La standardisation des composants et le phénomène Android devraient également contribuer à ce phénomène. Alors même que cette première bataille commence, on sait déjà que la prochaine se jouera sur le terrain des magasins d'applications téléchargeables et des services générés par les smartphones.