Le pacte d'actionnaires de Télécom Italia vole en éclats
Au mois de novembre 2013, Telecom Italia cédait sa filiale argentine. Endetté, il doit se défaire aujourd'hui de certains actifs et faire face à un éclatement de son actionnariat.

Depuis 2007, l'opérateur historique espagnol Telefonica est engagé dans un pacte d'actionnaire pour contrôler son homologue italien Telecom Italia. Il est associé à des groupes financiers locaux, mais de taille : Mediobanca, Generali, Intesa Sanpaolo. Ils sont regroupés dans une holding, Telco, détenant 22,4% de l'opérateur italien. Un pacte en vigueur jusqu'au 15 juin dernier.
Generali et Mediobanca ont fait savoir qu'ils souhaitaient sortir du pacte, ils sont entrés pour stabiliser le capital de l'opérateur et l'empêcher de passer entre des mains étrangères. Un rôle que les deux géants financiers transalpins jouent régulièrement. Mais dans le cas de Telecom Italia l'addition est lourde. L'opérateur est lesté d'une dette de 27,5 milliards d'euros.
D'autres actionnaires actuels ou à venir seraient intéressés pour entrer au capital de Telecom Italia. Le fonds activiste Amber Capital détient 1% de Telecom Italia et veut se renforcer. La question principale porte sur le rôle qu'entend jouer Telefonica. Indirectement, il détenait 15% du capital de l'opérateur italien, c'est même son premier actionnaire.
Le détonateur brésilien
Associés en Italie, les deux opérateurs sont adversaires au Brésil. Telefonica contrôle Telefonica Brasil (plus connu sous le nom de sa marque : Vivo), le 1er opérateur mobile, Telecom Italia détenant Tim Brasil. Le régulateur des télécoms brésiliennes Cade demande donc à Telefonica de mettre fin à cette situation en se désengageant soit de Telecom Italia, soit de Vivo afin d'assainir la situation concurrentielle au Brésil. Telefonica souhaite que Telecom Italia se désengage de Tim Brasil, ce qui n'est pas l'avis du directeur général de l'opérateur italien Marco Patuano. Un conflit se durcit entre l'actionnaire principal et le dg de l'opérateur. D'autant que Marco Patuano souhaite même marier Tim Brasil avec GVT, filiale du français Vivendi. Ce dernier on le sait est en phase de recentrage sur les médias et délaisse les télécoms, SFR, sa filiale au Maroc et peut être GVT, pour se recentrer sur les médias, c'est l'objectif de son nouveau président Vincent Bolloré.
En attendant l'issue de ce bras de fer sur le Brésil, Telefonica a vendu des obligations remboursables en actions de Telecom Italia. Acquises en novembre 2013, pour un montant de 103 millions d'euros, elles sont cédées 139,6 millions d'euros la semaine dernière. Ces titres étaient échangeables en 2016. Telefonica a anticipé leur cession. Il indique ainsi préféré le marché brésilien a ses intérêts dans Telecom Italia. L'opérateur transalpin est d'autant plus en difficulté que l'Etat italien lui-même se montre décidé à se défaire de sa participation.