Le marché des entreprises sous le scalpel de l'Arcep
Pour les entreprises, la fibre est avant tout un levier de productivité. Aussi ont-elles des exigences élevées en termes de qualité de service. Mais les solutions du marché restent couteuses, et les offres des opérateurs trop concentrées.
Les besoins des entreprises sont nombreux et exigeants. Tout d'abord la performance, qui passe par la capacité à gérer des débits importants et assurer des temps de latence réduits. Puis une qualité de service optimale, avec une garantie de temps de rétablissement (GTR) en cas de coupure et la sécurisation des accès. Et aussi la prise en compte de leur topologie multi-sites, qui nécessite de mettre en place des réseaux interconnectés.
Avec le recours de plus en plus récurrent au cloud pour le stockage des informations elles exigent aussi de la part des opérateurs une proposition de stratégie data et l'assurance d'une excellente sécurité des réseaux. Thibaud Furette, chef d'unité du pole entreprise de l'Arcep analyse : « La qualité de service des produits régulés est suivie par l'Arcep de manière récurrente au sein de groupes de travail entre opérateurs, qui aboutissent à des actions visant à améliorer la qualité de service mais parfois aussi à renforcer des actions coercitives, en introduisant par exemple des pénalités. »
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Mais la fibre optique dédiée ou mutualisée n'est pas accessible à tous les budgets. Lorsqu'elle est déployée de manière ponctuelle par les opérateurs, la BLOD (boucle locale optique dédiée), peut nécessiter de réaliser plusieurs centaines de mètres de génie civil. Cette offre est alors plus orientée moyennes ou grandes entreprises. La BLOM (boucle locale optique mutualisée) est déployée de manière capillaire, ce qui permet de diminuer les coûts unitaires et permettra à terme d'obtenir des prix plus faibles. Cette offre est pour le moment plus adaptée aux budgets des TPE. « Naturellement les caractéristiques ne sont pas les mêmes pour ces deux types d'offres, mais à court terme des offres adaptées à la qualité de service attendue par toutes les entreprises devraient se développer.»
La position dominante d'Orange
Les offres des opérateurs sont moins nombreuses que celles pour le grand public. Le marché entreprises est naturellement moins fluide car les clients sont plus frileux au changement. « Tout défaut de qualité de service a un impact direct sur le chiffre d'affaire de l'entreprise, une migration ratée peut traumatiser un client. » Pourtant, le marché des entreprises représentait environ 13 milliards d'euros de chiffre d'affaire en 2012 en France, ce qui équivaut au tiers du marché des communications électroniques.
Pour le moment, Orange Business Services occupe une position dominante avec plus de 70 % de part de marché. L'offre entreprise ne semble pas faire partie du coeur de cible de Free. Par contre, sont présents, entre autres : SFR, Bouygues Telecom, Completel, Colt, Verizon, BT, AT&T. « La concurrence par les infrastructures serait le meilleur moyen d'introduire une concurrence pérenne, mais cela a un cout, aussi nous encourageons la mutualisation et le co-investissement là où la concurrence par les infrastructures ne peut pas se développer. »