Le magot du manga mangé
Le Cyber Terror Response Center Coréen est sur les dents nous apprend le quotidien Chosun Ilbo : des pirates auraient dérobé plusieurs dizaines de milliers d'identités, lesquelles étaient stockées sur des sites de jeux en ligne. Non pas des casinos dans la grande tradition Vegassienne, mais des serveurs de MUD (MultiUser Dungeons) et autres jeux de rôles cybernétiques. Le marché parallèle des « trésors » virtuels récupérés au fil de ces aventures coûte parfois des fortunes aux participants et fait déjà l'objet d'un véritable marché noir. Il n'en fallait pas plus pour attirer un nouveau type de voleurs, lesquels sont attirés probablement moins par les numéros de cartes de crédit des participants que par l'offre parallèle de « paquets de mana », de « bagues d'invincibilité » et « d'épées magiques +5+5 -150 ». Comme aucune loi n'interdit la revente d'objets virtuels entre adultes responsables et consentants, il sera relativement difficile de distinguer les temps et actions de chaque usager, leur progression dans le jeu, la justification de possession de tel ou tel objet, et le fait que ledit objet ait été acquis légalement ou non. Si les coupables se font un jour pincer, les minutes des procès risquent de friser la thèse de troisième cycle pour psychiatre ou théologien. Peut-on condamner à une peine de prison réelle le voleur d'objets qui n'existent pas, issus d'un monde imaginaire et dérobés à des personnages fictifs ? Où serait-il plus sage de se demander si les organisateurs de ces jeux ne pourraient pas être condamnés pour escroquerie manifeste ? Le jeu, en Asie, fait partie de la trame sociale, ce qui ne simplifie pas les choses.