Le logiciel libre tire son essor du mariage avec les logiciels propriétaires
Le logiciel libre est un faux ami. On le croit lié à l'esprit communautaire, aux activités des chercheurs, réfractaire aux grands acteurs de l'IT. C'est tout le contraire, il gagne en maturité, se professionnalise et s'intègre parfaitement aux nouvelles tendances nées de la SOA et du Cloud Computing. Le logiciel libre fait partie des rares secteurs qui ont échappé à la crise économique selon le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC) qui publie une étude sur le sujet pour l'ouverture du salon Solutions Linux à la porte de Versailles (Paris). Les chiffres bruts impressionnent : 33% de croissance en 2009, 30% de croissance prévue pour 2010. En 2009, en France le « Libre » représentait 1,47 milliards d'euros de chiffre d'affaires, il devrait atteindre 2 milliards cette année, et, sans doute, doubler entre 2009 et 2011 pour atteindre 3 milliards et une croissance plus stable. Mathieu Poujol, consultant chez PAC qui a dirigé l'étude introduit quelques bémols : « le « Libre » est encore un petit marché, il pèse 4% du total des logiciels et services, mais il garde une forte capacité de progression, son arrivée à maturité annonce d'ailleurs une croissance plus modérée après 2011 ». Ce marché a bien traversé la crise économique. Le « Libre » est apparu comme une solution immédiate et intéressante en période de restriction de budget. Plus fondamentalement, et sur plusieurs années, PAC observe non pas une progression du « Libre » en tant que tel, mais du « Libre » lié à d'autres solutions. "Il existe peu de projets 'totalement open source' dans les grands comptes", note Mathieu Poujol. C'est ainsi que ... Photo : Mathieu Poujol, consultant chez PAC qui a dirigé l'étude sur le décollage de Linux ... Microsoft, IBM, Bull, entre autres, proposent du « Libre » en lien avec des solutions propriétaires. Mathieu Poujol relève d'ailleurs une forte présence de logiciels libres dans plusieurs grands projets récents. Et de citer les Archives Nationales, ou tout le "back office" est en libre, celui de la Direction des Impôts, ou encore la refonte des RH de l'Education Nationale. Les grandes SSII sont les grands acteurs de ce mouvement de mixité : Logica aux Archives Nationales ou Cap Gemini à l'Education Nationale. Autre signe de maturité, du fait de l'ouverture de son code et du respect des standards, le « Libre » s'intègre bien dans les projets SOA ou Cloud. « Ces projets nécessitent beaucoup d'interopérabilité, on travaille avec des gens partout dans le monde, en réalisant beaucoup d'assemblages de composants déjà développés », une voie royale pour SOA et Cloud. Non seulement, le « Libre » gagne en maturité, mais en plus, il se professionnalise, remarque Mathieu Poujol. Dans une étude réalisée pour le Syntec Informatique, PAC notait le grand nombre d'autodidactes sur ce marché, la minceur des formations proposées, mais la progression des informaticiens en reconversion. Donc l'arrivée d'ingénieurs rompus à d'autres technologies et qui retrouvent du travail par le « Libre ». Plus généralement, PAC souligne évidemment la forte présence du logiciel libre en France. "La France est un bon terreau", souligne Mathieu Poujol, "parce qu'en France nous aimons le spécifique, et que le « Libre » a démarré dans le monde de la recherche autour de Grenoble ou Toulouse". Mais ceci appartient au passé, "le logiciel libre est devenu de moins en moins communautaire et de plus en plus professionnel » termine PAC.