Le jour où Microsoft disparu
Ephraim Schwartz d'Infoworld devait probablement avoir une page blanche à combler, et avouons qu'il l'a fait avec talent. Son papier , « Imaginons le jour où Microsoft n'existera plus », dévie insensiblement vers une sorte d'Utopie Libriste, dans laquelle Open Office succèderait avec talent à la perte irrémédiable de la Suite Microsoft Office. Et notre confrère d'interviewer quelques grands clients Microsoft, lesquels déclament une oraison funèbre digne de Fénelon. « Il a standardisé les interfaces graphiques » dit l'un. Non, monsieur... c'est IBM avec la CUA, Common User Application Interface d'OS/2. « On en reviendrait à un commerce constitué par une multitude d'enseignes, chacune très spécialisée » espère un autre. Hélas non, monsieur... dans l'histoire des monopoles américains, United Steel, Bell, Boeing/TWA y compris, la place a été rapidement conquise sinon par un second monarque, du moins par une coalition monopolistique constituée par un petit nombre de grandes entreprises. Pescator, du Gartner, y verrait une nette diminution des virus, par manque d'homogénéité des plateformes, puisqu'aucun vendeur ne détiendrait désormais 95% du marché. Le come-back de l'épicerie du software ? Voilà des propos qui devraient plaire à Dan Geer. Mais soyons sérieux un instant. La question n'est pas de savoir si oui ou non un avenir sans Microsoft est imaginable, mais Quand et Comment disparaîtra Microsoft . Les pivots les plus inamovibles de l'industrie américaine ont tous, à un moment donné, connu un revers de fortune abyssal ou une mutation non souhaitée. United Steel, Ford, IBM... et le phénomène s'accélère d'autant plus rapidement que l'un des premiers effets de la mondialisation, tant défendue par les patrons de ces mêmes grands groupes, favorise et accélère la multiplication de ces « OPA hostiles » sur le front du commerce international. Les preuves les plus récentes sont sous nos yeux, avec l'offre d'achat d'Arcelor par Mittal Steel, avec les rumeurs de fusion Nyse et Euronext... les capitaux sont là, prêts à être investis. La question, s'il fallait s'en poser une, serait « jusqu'à quel point Bill Gates et Steve Ballmer peuvent se permettre de harceler le marché Chinois à propos de piratage, sans risque de réveiller le dragon qui sommeille dans les terres de Xing ? ». Car, si l'on considère le développement économique de la Chine, ses actuelles capacités d'investissement, sa nécessaire fringale de vecteurs industriels nouveaux, son rythme de croissance effréné, on comprend que ce qui inquiète le plus les patrons de Redmond, ce n'est pas l'enquête de la Commission Européenne, mais le fait qu'un jour, le siège social de l'entreprise puisse se trouver à Pékin ou à Shanghai. Les conséquences tant d'un simple point de vue sécurité informatique que sous un angle de politique internationale seraient assez perturbantes. Accessoirement, la doc de Powerpoint risque d'être un peu plus difficile à lire.