Le grand bluff d'Apple avec sa carte SIM intégrée au terminal
L'annonce (un peu rapide) de la sortie d'iPhones ou autres produits siglés de la pomme a empoisonné les perspectives des opérateurs télécoms. Pour pas grand'chose.
(Source EuroTMT) L'affaire a fait grand bruit. Fort de sa cinquantaine de millions d'iPhone en service dans le monde, Apple chercherait à s'affranchir des opérateurs cellulaires et à commercialiser son terminal sans passer par leur intermédiaire, tout en s'assurant de leur connectivité ! Une approche a priori surprenante compte tenu du rôle incontournable des opérateurs cellulaires en matière d'activation de la carte SIM afin de pouvoir accéder à leurs réseaux. Une manière de contourner les opérateurs donc tout en les dépossédant de la relation commerciale avec les utilisateurs d'iPhone, souvent parmi leurs clients les plus rentables.
Pour ce faire, Apple se serait rapproché de Gemalto, l'incontestable leader mondial de la carte SIM, pour examiner la faisabilité d'une approche où cette carte, alors dématérialisée, serait directement scellée dans son terminal.
Reste à déterminer comment ce sésame pourrait être activé sans être client d'un opérateur en particulier. Sans surprise, les opérateurs, soucieux de protéger leur écosystème, sont vent debout contre ce projet. « Tout cela est assez spéculatif » estime un familier de ces questions pour qui de nombreuses options sont toutefois possibles. « Avec trois, quatre, voire cinq opérateurs de réseau dans un pays donné, on peut très bien envisager que l'un d'entre eux finisse pas s'entendre avec Apple pour lui fournir de la capacité.
On peut également utiliser le biais de l'itinérance pour contourner les barrières nationales » avance t-il. Autre possibilité, le Wi-Fi qui s'est considérablement banalisé, tant dans les lieux publics que par le biais des box ADSL. Bref, rien d'infranchissable à proprement parler même s'il y a loin de la coupe aux lèvres.
Apple MVNO ?
Certains imaginent même un dispositif où Apple deviendrait une sorte d'opérateur mobile virtuel (MVNO) universel capable de « porter » une carte SIM pré-embarquée d'un réseau à l'autre en fonction des tarifs pratiqués par tel ou tel opérateur (aujourd'hui propriété des opérateurs, la carte SIM est, par définition, attachée à un opérateur en particulier). La fin d'un monde pour les opérateurs concernés ! Même si on n'en est pas là, ces derniers se veulent néanmoins vigilants, à l'instar de la « Sainte-Alliance » constituée, cet automne, entre Orange, Telefonica, Telecom Italia, Vodafone et T-Mobile.
Volontiers montré du doigt dans cette affaire, Gemalto fait profil bas. Réfléchissant de longue date à enrichir les fonctionnalités et services offerts par la carte SIM (comme dans le cas de la TMP qui s'est soldé par un cuisant échec) afin de ne pas s'enfermer dans un rôle de simple interface en terme d'identification des abonnés, l'industriel ne s'est pas fait que des amis parmi les opérateurs cellulaires, eux-mêmes déjà passablement remontés dans leur relations commerciales, parfois schizophréniques, avec Apple (on parle beaucoup des conditions drastiques imposées aux opérateurs par la firme à la pomme mais moins de l'intérêt pour un opérateur d'avoir l'iPhone à son catalogue, sachant que les abonnés en question figurent parmi les plus rentables).
Gemalto piégé
Relativement gêné par cette effervescence, Gemalto fait profil bas même s'il reconnait du bout des lèvres travailler à une possible dématérialisation de la carte SIM, comme c'est déjà le cas dans le machine to machine (M2M). « Nous travaillons effectivement sur ce type de sujet et sur l'opportunité d'intégrer certaines fonctionnalités de la carte directement dans le terminal » reconnaît-on en interne.
Pour le reste, deux écoles semblent s'affronter au sein de l'équipe dirigeante. « Faut-il imaginer de nouveaux services autour de la carte SIM, quitte à s'associer avec des partenaires extérieurs mais au risque de se fâcher avec les opérateurs traditionnels ? » s'interroge un familier du groupe. Seule certitude, l'industriel est très attentif aux différents projets de réseaux cellulaires « désintermédiés » comme celui de l'américain LightSquared dont il a récemment rencontré les dirigeants.