Le dégroupage à l'italienne fait monter les prix
(Source EuroTMT) Malgré quelques réticences, la Commission européenne vient de donner son feu vert au projet de l'Agcom, l'autorité de régulation des télécoms italienne, d'augmenter significativement les tarifs de gros de Télécom Italia. Un projet qui est contesté par les opérateurs alternatifs. On trouve à l'origine de cette augmentation, la modification par l'Agcom de son modèle de calcul des coûts de l'opérateur historique.
Jusqu'à présent, l'Agcom se basait sur les coûts historiques de Telecom Italia pour déterminer les tarifs de gros, dont celui du dégroupage. Mais en début d'année, l'Agcom a lancé une procédure pour déterminer ces tarifs à partir du modèle ascendant des coûts différentiels à long terme (modèle LRIC ascendant). Ce modèle consiste à reproduire les coûts supportés par un opérateur efficace gérant un réseau en cuivre nouvellement créé.
En théorie, et en toute logique, on se dit qu'un tel modèle devrait aboutir à une baisse des coûts globaux, notamment en raison de coûts d'exploitation a priori inférieurs par rapport à ceux supportés par ceux d'un opérateur historique, souvent pénalisé par des effectifs pléthoriques.
Mais ce n'est pas la conclusion à laquelle est parvenue l'Agcom, puisque l'autorité, à l'issue de ce travail, a indiqué que le tarif de dégroupage de Telecom Italia allait atteindre 9,48 € par mois et par abonné dégroupé en 2012, contre 8,49 € actuellement et 7,64 € en 2008.
Si la Commission européenne a finalement accepté ce changement de méthode de calcul (ce modèle est déjà utilisé par d'autres régulateurs européens), Bruxelles a toutefois émis une mise en garde à l'Agcom en lui demandant de ...
Illustration D.R.
(Source EuroTMT) ... recalculer les coûts commerciaux et de maintenance qui ne lui semblent pas conformes « car l'Agcom ne semble pas utiliser des données correspondant à une entreprise efficace gérant un réseau en cuivre nouvellement créé ».
Mais selon des analystes, ces coûts représentent moins de 30 % de la facture globale. Cela ne devrait pas remettre en cause le principe d'une hausse du tarif du dégroupage. Elle sera seulement inférieure à ce que l'Agcom avait prévu, ou étalée sur une période plus longue. Pour les opérateurs alternatifs, ce feu vert conditionnel de Bruxelles constitue néanmoins un très mauvais signal adressé au marché.
"Les prix doivent baisser et ne pas augmenter, si l'Europe veut atteindre ses objectifs ambitieux dans le haut débit » a réagi l'ECTA, le lobby européen des opérateurs alternatifs. Et de souligner que les hausses qui sont déjà intervenues en Italie ont permis à Telecom Italia de faire remonter ses marges opérationnelles de 2 points (alors que celles de son principal concurrent, Fastweb, ont été divisées par deux), sans que cela ne se traduise par une hausse des investissements de l'opérateur historique. Au contraire, ils ont diminué.
De plus, Telecom Italia n'a pas caché que cette hausse lui permettra d'investir dans la fibre optique. Autrement dit, comme dans d'autres pays européens (notamment en France), l'opérateur historique va se servir de la rente du dégroupage pour déployer un réseau à très haut débit, dont les conditions d'ouverture aux opérateurs alternatifs ne sont pas encore connues.
Seule consolation pour les opérateurs alternatifs, si les hausses précédentes du dégroupage ont pesé sur leurs marges, elles n'ont pas pénalisé leurs performances commerciales. Ainsi, Telecom Italia, dont la part de marché globale dans le haut débit s'élève à 56 %, a vu sa part de marché trimestrielle tomber autour de 30 % depuis plusieurs trimestres.