Le cybercrime plus rentable que la drogue
C'est écrit dans les journaux, dans le Register et même dans un communiqué Reuter repris par Yahoo : les gains de la cybercriminalité seraient supérieurs à ceux des narcotrafiquants, gravitant aux environs de 105 milliards de dollars. Estimation avancée par Valerie McNiven, Conseiller aux questions sur la cybercriminalité auprès du Gouvernement Fédéral US, de l'officiel donc, doré sur tranche et tamponné à l'aigle vengeur. Franchement, Raoul, de tels chiffres, ça va provoquer des vocations. Plus de passage en loucedé chez les gabelous, plus de planque à came dans les quilles de bateau ou les ailes de Cadillac, plus de cavale infernale et, faut l'admettre, nettement moins de gamins clamsés par les ravages de la shooteuse. La clientèle disparaît plus en raison de dommages colatéraux. Dans un sens, le piratage, c'est nettement plus moral que la vente de schnouff... Si en plus c'est moins fatal et plus lucratif, si le bout de code se négocie à la mesure de l'étalon Morphine Base et le Troyen s'échange à l'encan de la Blanche, si la production peut se pratiquer directement dans le pays de consommation sans redouter les descentes de condés, si les « chimistes » du C++ se montrent moins gourmands que ce que nous coûtait Nanard le pâtissier, dit « Béguin Say » (rapport au sucre), parole, j'investis dans un Athlon 4 GHz et je me range des voitures. Attends, Raoul, j'avais pas lu la suite ! Tu sais de quoi y s'occupe, le cyberaffranchi des temps modernes, sapé « white colar » et qui roule en Hummer ? Texto : « corporate espionage, child pornography, stock manipulation, phishing fraud and copyright offences ». En jactant normal, ça veut dire mouchard industriel (ça me rappellera l'Afrique et mes contrats pétroliers), les ballets roses -pointeur, c'est pas trop mon truc, mais on a l'habitude des compteurs à bitume-, le barbotage d'actions boursières (à l'aise), l'arnaque au courrier électronique bidon -j'te l'avais dis, que des veilles méthodes !- et la violation de copyright. Zut, fallait commencer par là ! Tu vois, Raoul. Des mecs qui invoquent la protection de l'auteur, de la veuve et de l'orphelin et qui pensent protection des intérêts commerciaux, c'est déjà des pervers comak. Trop forts pour nous. On a bien commencé dans la boulange, avec le Pascal imprimé sur Vélin d'Arche, mais dans le domaine du faux, on est des gamins à côté d'eux. En plus, à eux seuls, ils revendiquent près de 80 % des pertes par cybercrime. Tout çà, c'est de l'estimation en monnaie de singe... pour peu, ils déploreraient des pertes aussi grandes que le PNB du Guatemala et nous accuseraient de la misère de Marc Antoine Charpentier piraté par le générique de l'Eurovision. Et çà t'enfume du Ministre comme Jo les Paluches se farcissait du bourgeois à la foire du Trône. Toute une époque. Faut par rêver, Raoul. Le jour où les grossiums de la ritournelle joueront franc du collier, la rue Saint Denis sera une annexe du Couvent des Oiseaux et on sucera les pissenlits par la racine. Tiens, mets deux tunes dans l'bastringue et joue nous du musette, ça s'ra toujours çà qu'Vivendi viendra pas nous chialer.