Le conseil national du numérique 100% nouveau sera jugé sur sa valeur ajoutée
Après six mois d'absence, le Conseil national du numérique (CNN) est de retour. Il s'agit de la version concoctée par Fleur Pellerin. Plus de membres, une représentativité élargie et la parité entre hommes et femmes, mais pour quoi faire ?
Fleur Pellerin (Photo) déplorait récemment le trop grand nombre d'organisations professionnelles du numérique. Vendredi 18 Janvier au matin, elle a installé le Conseil national du numérique et précisé ses nouvelles missions (*). Une nouvelle instance de plus ? Contradictoire ? La ministre a justifié sa décision et expliqué pourquoi elle avait souhaité son profond changement.
La décision de Fleur Pellerin recouvre trois intentions. D'abord, le CNN précédente version était supposé trop proche d'Eric Besson, ancien titulaire du portefeuille du numérique, honni de l'actuel gouvernement. Surtout, la ministre voulait redéfinir et élargir la représentativité du Conseil, le faire moins dépendre des entreprises largement représentées par leurs syndicats et associations et plus de la société en général, entrepreneurs, élus, chercheurs.
Enfin, Fleur Pellerin souhaite faire « plancher » le CNN sur les sujets les plus délicats ou les plus techniques de l'économie numérique et en toute transparence. Ses avis sont consultatifs, mais il peut s'auto-saisir comme il peut être saisi par la ministre.
Un président attendu
Le président est comme prévu Benoît Thieulin, patron de l'agence Netscouade. Il est connu pour avoir animé la campagne présidentielle de Ségolène Royal comme candidate de la gauche à la présidentielle en 2007, mais Benoît Thieulin a fait beaucoup d'autres choses.
Une représentativité décidée par décret ...
Une représentativité décidée par décret
Curieuse instance tout de même, dont les membres sont nommés par décret, mais doivent représenter tout un secteur d'activité et se montrer indépendants. « Bousculez-nous, vous devez être le poil à gratter du gouvernement, l'antidote contre nos conservatismes!" a lancé la Ministre de l'économie numérique.
Le nouveau CNN est en tout cas animé par des personnalités connues du monde de l'Internet et des cadres supérieurs d'entreprises (Dassault Systèmes, BNP Paribas, La Poste). Il sera évalué sur ses premières initiatives. Pour commencer, Fleur Pellerin va saisir le CNN de la fiscalité du numérique (avec le rapport Colin Collin), de la neutralité du Net et de la taxe Google.
Le Conseil national du numérique est composé de 30 membres (contre 18 pour le précédent). Aucun des membres de la précédente équipe n'est reconduit. Neuf autres membres doivent être encore nommés : 2 députés, 2 sénateurs, 5 représentants d'initiatives locales.
(*) Le Conseil national du numérique a été créé le 29 avril 2011 par décret présidentiel. Il a connu, malgré son jeune âge, une vie mouvementée. Le 4 avril 2012, Patrick Bertrand se faisait élire président en remplacement de Gilles Babinet. Début juillet, Patrick Bertrand démissionnait, entraînant avec lui tous les administrateurs, sauf un (Gilles Babinet). Raison de cette démission ? Fleur Pellerin venait de nommer comme secrétaire général du CNN, un membre de son cabinet, Jean-Baptiste Soufron.
La composition du nouveau CNN
- Tariq Krim, P-dg de Jolicloud,
- Tristan Nitot, président de Mozilla Europe,
- Jean-Baptiste Rudelle, P-dg de Criteo,
- Bernard Stiegler, philosophe et directeur de l'Institut de Recherche et d'Innovation (IRI),
- Marc Tessier, administrateur de VidéoFutur et président du Forum des Images,
- Benoît Thieulin, directeur de l'agence digitale La Netscouade,
- Stéphane Distinguin, président de l'agence FaberNovel et président du pôle de compétitivité Cap Digital,
- Serge Abiteboul, directeur de recherche à l'INRIA et membre du laboratoire LSV à l'ENS Cachan,
- Godefroy Beauvallet, directeur du fonds AXA pour la recherche et maître de conférence à Télécom ParisTech,
- Ludovic Blecher, rédacteur en chef de "Libération",
- Michel Briand, directeur adjoint de la formation à Télécom Bretagne et vice-président de la communauté urbaine de Brest,
- Pascal Daloz, directeur général adjoint de Dassault Systèmes en charge de la stratégie et du développement.