Le chiffrement est-il hérétique ?
5 ans d'emprisonnement pour ceux qui ne souhaitent pas communiquer leurs données en clair ou communiquer leur clef : le chiffrement en Grande Bretagne est, par le détour d'une récente loi, mis à l'index. Oh, il n'est pas interdit de protéger les flux échangés sur le réseau public. Pas plus qu'il est condamnable de rendre illisible le contenu d'un répertoire. Mais résister aux force de police, voir à l'armée, et le présumé coupable devient immédiatement condamné pour entrave à la justice, surtout si ladite entrave est liée à une enquête criminelle ou antiterroriste, nous rapporte Ars Technica. Et, ces derniers temps, l'invocation du terrorisme semble un alibi aussi pratique que fréquent. D'autant plus fréquente qu'en invoquant la croisade antipédophile et en enfourchant le destrier antiterroriste, les forces de police britanniques tentent d'écarter les inquiétudes des particuliers et industriels -banquiers notamment- qui seraient effrayés par ces contraintes juridiques. Il y a moins d'un mois, plusieurs serveurs allemands se voyaient perquisitionnés par la police et leurs matériels saisis sous prétexte de supporter des « nodes » Tor Ainsi nous l'apprennait IT Nomad. Lesquels nodes, on s'en doute, servaient à véhiculer des données terroristes, et notamment la recette de bombes artisanales. Voir, à l'attention de ceux pour qui la recette du fulmicoton ne serait pas un sujet d'émoi, des gigaoctets d'images pédophiles. Une manière de présenter les choses qui ne peut que révulser le grand-public, lequel ignore qu'en fait, la majorité des trames acheminées par l'Onion Router ne sont constituées que de « seed » de réseaux peer to peer, donc plus ou mois d'échanges de fichiers MP3. S'ajoute à ceci le fait que le tunnel de chiffrement qu'est Tor n'est pas le vecteur premier de propagation desdites recettes de chimie ou images condamnables. Quoi qu'il en soit, la présence d'une série de communications chiffrées ne plaisait pas plus aux autorités fédérales qu'aux glorieux pandores de Sa Majesté. Imaginer une telle répression à l'encontre d'outils de protection des flux en Chine, en Corée du Nord, ou en Birmanie ne semble pas franchement illogique. Tout médium se doit d'être contrôlé par une dictature, à plus forte raison lorsque ce médium risque d'entamer l'autorité de la tyrannie en question. L'on peut s'interroger sur les raisons profondes de réactions strictement identiques lorsqu'elles se produisent chez nos proches voisins Européen. Le chiffrement est-il devenu hérétique à l'intérieur de nos démocraties ? Ou sont-ce les fondement de notre démocratie elle-même qui ne sont plus en odeur de sainteté ?