La TMP dans l'impasse : NKM agite toujours le couperet du 30 septembre
Lors de la conférence des Echos du 2 juillet, le futur de la TMP est apparu bien sombre tant les acteurs peinent à trouver des solutions communes. La secrétaire d'état Nathalie Kosciusko-Morizet menace toujours de réattribuer les fréquences au 30 septembre en cas d'absence de progrès.
Que va-t-il arriver à la TMP (Télévision Mobile Personnelle) ? Le sujet a été largement évoqué lors des conférences des Echos organisées le 2 juillet. Serge Ferré, Vice Président et représentant auprès de la Commission Européenne de Nokia, se dit « Non pas écoeuré mais scandalisé, car il y a des journalistes dans la salle, par le fait que l'on ne puisse pas faire de la TMP alors que la technologie, l'infrastructure et les terminaux sont prêts. ». Un enthousiasme pour la TMP d'un fournisseur qui est à modérer par la frilosité des acteurs concernés par le sujet, aucun ne semblant vouloir faire le premier pas. Lors de la table ronde « TMP : Un modèle stable et équitable pour un déploiement effectif ? » organisée le 2 juillet par Les Échos, certains de ces acteurs donnaient leur avis sur cette technologie. Le tout sous l'oeil critique de la secrétaire d'Etat chargé du développement numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet qui n'hésite pas à menacer : « A partir du 30 Septembre, les fréquences seront réattribuées. Cette date ne sera pas repoussée. » La technologie en matière de télévision mobile personnelle validée au niveau européen est le DVBH (Digital Video Broadcasting - Handeld). Mais le nombre de terminaux disponibles reste encore très faible. Serge Ferré de Nokia, suggère l'utilisation de Dongle qui, utilisés avec un téléphone 3G, permettent de recevoir la TMP. S'il y a un sujet qui a bien failli éclipser tous les autres lors de cette conférence, c'est bien celui du mode de déploiement. Deux écoles semblent en effet s'affronter : le indoor (déploiement en intérieur) contre le outdoor (déploiement en extérieur). Nokia pour le déploiement en extérieur C'est Serge Ferré, pour Nokia, qui se fait le porte-parole de l'outdoor. Pour lui, c'est un choix qui paraît évident, d'abord parce qu'il estime que les usages de la TMP seront en extérieur (dans les transports notamment), mais surtout car les coûts de déploiement sont dix fois inférieurs par rapport à un déploiement en intérieur. Une fois que le déploiement en extérieur aura fait ses preuves, il sera temps de s'intéresser au déploiement en intérieur. « Si on ne commence pas par le outdoor, personne ne voudra s'engager, car les coûts seront trop importants. Nokia a tout faux Un raisonnement qui ne tient pas la route, selon les autres intervenants. Frédéric Vincent, Directeur du Groupe Canal+, fait le résumé des usages potentiels de la TMP : - en extérieur, dans les transports, - en intérieur, tout en faisant autre chose (pendant que l'on cuisine, par exemple), - en intérieur, de manière personnelle (alors que le poste de télévision diffuse un autre programme). Des usages qu'il voit donc beaucoup en intérieur, et assez adaptés à des programmes courts et déjà bien connus des téléspectateurs. Quant à l'argument d'un déploiement d'abord en extérieur, à moindre frais, suivi par un déploiement en intérieur, il n'est pas valable non plus pour Chem Assayag, Directeur Europe de l'offre MediaFLO Technologies du fabricant de composants américain Qualcomm. « Si les utilisateurs s'abonnent à la TMP, et constatent qu'elle ne fonctionne pas à beaucoup d'endroits, ils se désabonneront, et n'y reviendront plus. ». Le froid ne convient pas à la TMP Jean-François Rodriguez, Directeur stratégies à la direction des contenus chez Orange, rappelle de son côté l'exemple frappant de l'Italie. [Pour mémoire, la TMP avait été déployée majoritairement en Outdoor, mais l'hiver venant et les italiens désertant les terrasses des cafés, le réseau n'était plus du tout adapté.] Pour eux, il s'agit donc de se lancer dès maintenant dans le déploiement en intérieur. Que l'on parle terminaux, contenus, ou déploiement, et malgré des divergences, l'ensemble des acteurs semblent pourtant bien vouloir aller dans le même sens. Ceci dit, personne ne semble prêt à se lancer, personne n'y va. Le coût, deux fois plus important que pour la TNT, pourrait l'expliquer. Mais il est aussi six fois moins élevé que pour la télévision classique. Jean-François Rodriguez (Orange), met plutôt en cause un refus de certains acteurs essentiels de la chaîne de participer [comprendre : payer leur quote-part] au déploiement. Il fait aussi remarquer que la TMP ne profitera pas du même engouement que l'iPhone, par exemple, a pu provoquer. Alors quelles solutions ? Pour Jean-François Rodriguez, le mode de diffusion en "Broadcast", bien que de meilleure qualité que les flux IP sur les réseaux 3G, ne réussira pas à s'implanter s'il n'est pas couplé avec cette dernière. Frédéric Vincent (Groupe Canal+) fait remarquer qu'en ajoutant une dizaine d'euros à des terminaux multimédia qui coûtent déjà dans les 500 euros, permettrait de financer le réseau avec 7 millions de mobiles vendus. Quant à Chem Assayag (Qualcomm), il prévient qu'en raison de la faible taille du marché français (en comparaison, par exemple, du marché chinois), il faut raisonner à plus grande échelle avec des terminaux multi-compatibles. Le couperet du 30 septembre Si chacun des intervenants semble avoir un avis sur la question, dans la pratique, on est encore loin d'avoir une Télévision Mobile Personnelle utilisable. Pendant ce temps là, Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement, rappelle la date butoir du 30 Septembre à partir de laquelle les fréquences seront réattribuées. « Cette date ne sera pas repoussée., précise-t-elle. Pour la ministre, il est maintenant certain que les éditeurs ne seront pas moteurs du mouvement (notamment en raison de la dépréciation de la publicité). Reste donc selon elle 3 solutions : les opérateurs (avec éventuellement l'aide des éditeurs), ou un partage avec TDF. La 3ème solution étant l'abandon pur et simple de cette technologie.