La tablette Surface vendu uniquement en direct par Microsoft
Depuis le 26 octobre dernier, la tablette Surface de Microsoft est vendue sur le site Internet de l'éditeur et dans ses boutiques (il en existe uniquement aux Etats-Unis). Le seul pays où Surface est vendue en indirect est la Chine. Est-ce le début de la vente directe chez Microsoft ?
Microsoft est et restera le premier partenaire mondial de la distribution IT mais il n'entend plus se laisser chahuter par Apple. Sur le marché, à la fois dynamique aujourd'hui et prometteur pour les années à venir, des tablettes, il utilise une politique comparable à celle de la firme à la pomme : les matériels sont proposés en ligne ou dans la chaîne de magasins propriétaires (Microsoft n'a pour l'instant ouvert qu'une trentaine de magasins, tous aux Etats-Unis, alors qu'Apple dispose en propre de plus de 300 boutiques au niveau mondial).
Avec sa tablette Surface, Microsoft fait donc sa première grande entorse à sa politique de distribution « 100% indirecte », qu'il défend en France depuis plus de 30 ans maintenant. A ce jour, un seul revendeur a le droit de distribuer la tablette Surface, et ce exclusivement sur son territoire national : il s'agit de l'enseigne Suning, en Chine, qui propose la tablette de Microsoft dans 500 de ses boutiques (il existe plus de 1 300 magasins Suning en Chine).
Du « 100% direct » en France
Et en France ? « Pour l'instant, les tablettes Surface sont exclusivement commercialisées sur le site de Microsoft, explique Olivier Ribet, Directeur de la Division Windows de Microsoft France. Mais la politique de distribution peut évoluer ».
Tout porte à croire que cette tablette vendue en direct ne facilite pas le travail des équipes de Microsoft, en France comme dans les autres pays. L'éditeur doit en effet éviter de concurrencer directement ses premiers clients (à savoir, les constructeurs) et expliquer à ses grossistes et à ses revendeurs pourquoi ils ne peuvent pas vendre des tablettes Surface.
A quoi sert cette tablette ? « A démontrer tout ce qu'il est possible de faire avec une tablette associée à nos outils logiciels et aux applications spécifiques qui sont développées, notamment dans le monde professionnel », répond Olivier Ribet. Cette approche ne cantonne-t-elle pas surface à un rôle de « maison témoin » des savoir-faire de Microsoft et de ses partenaires ? « Non car Surface n'est pas comparable à un concept-car et l'objectif est bien d'en vendre le plus possible, mais il s'agit d'un marché en formation pour notre écosystème et il est logique que la politique ne soit pas complétement arrêtée en amont du lancement », précise Olivier Ribet.
Petite Surface pour les grandes surfaces ?
Quoi qu'il en soit, si des objectifs de ventes existent et qu'ils sont élevés, rien ne semble fait pour qu'ils soient atteints. La « Surface » sera notamment absente des grandes surfaces durant ce dernier « quarter » de 2012 et aurait pu être beaucoup plus présente au pied des sapins.
Et si la vocation de la tablette n'était pas d'être vendue à des millions d'exemplaires ? L'hypothèse peut paraître osée d'un point de vue économique, si l'on se focalise sur le court terme. Mais elle pourrait expliquer pourquoi le lancement de Surface n'a pas déclenché un tollé chez les constructeurs et chez les partenaires de Microsoft dans la distribution et les services IT.
Selon cette grille d'analyse, Surface permet tout d'abord à Microsoft d'avoir un contact direct avec les développeurs indépendants (dont ceux qui ont déjà travaillé sur le monde Apple). La tablette serait donc avant tout un très bel hameçon pour attirer les concepteurs d'applications. D'ailleurs, Microsoft multiplie les initiatives pour structurer ce nouvel écosystème. L'éditeur s'est lancé le 2 octobre dernier dans un ambitieux tour de France en 37 villes pour présenter les opportunités de business autour de Windows 8. « Ce tour de France va notamment nous permettre de développer le Windows AppsCircle », explique Gwenaël Fourré, Directeur de la Stratégie et des Programmes Partenaires chez Microsoft France. « Le rôle de Microsoft est logiquement d'accompagner les acteurs du marché vers ce qui va générer le plus de valeur ajoutée. Nous le faisons avec le cloud computing et nous allons également le faire pour les applications, ajoute Gwenaël Fourré. Cela ne doit pas uniquement concerner les grands éditeurs mais également les développeurs indépendants et l'ensemble de nos partenaires. »
Des startups aux partenaires « traditionnels »
D'un côté, on trouve ainsi le programme « Biz Spark » (l'étincelle du business) pour les startups. « Nous travaillons en France avec plus de 1 300 startups au sein de cette forme d'incubateur », indique Gwenaël Fourré. De l'autre côté, on trouve les partenaires plus « traditionnels » de l'éditeur, qui n'ont pas de développeurs en interne et pas les moyens d'en embaucher. « C'est pour eux que nous lançons l'Université des Talents Numériques, avec Manpower et ses 700 agences dans l'Hexagone. Nous les sélectionnons, nous les formons pendant trois mois à l'utilisation de nos outils et ils sont ensuite mis à disposition de nos partenaires », indique encore Gwenaël Fourré. En 2013, les 500 premiers développeurs devraient irriguer le réseau de distribution de Microsoft (plus de 11 000 partenaires, dont environ 1 300 certifiés Silver ou Gold dans 29 domaines).
Dans ce contexte, il semble plus clair que Microsoft n'a pas tout à coup décidé qu'il allait devenir le premier constructeur mondial de tablettes. Par contre, si Surface lui permet de constituer une bibliothèque d'applications plus grosse que celle de l'Apps Store...
Pour conclure sur la distribution de la tablette Surface, Microsoft estime que la distribuer n'améliorerait pas la rentabilité de ses partenaires. Autrement dit, l'éditeur ne fait là que leur rendre service. Ca, c'est du raisonnement à valeur ajoutée !