La Skema Business School (ex ESC Lille) abandonne Google pour Microsoft pour ses applications Saas
Le premier utilisateur des Google Apps issu de l'enseignement supérieur français, Skema Business School (l'ex-ESC Lille aujourd'hui fusionné avec un homologue niçois), change de fournisseur. Il quitte Google Apps pour retourner dans le giron de Microsoft mais en restant dans le nuage, avec Live@Edu.
« Nous avons été la première école supérieure française à avoir choisi une bureautique en SaaS dans le nuage avec les Google Apps, nous sommes aussi la première à changer de nuage en optant pour l'offre Live@Edu de Microsoft » s'amuse Frédéric Di Gleria, DSI de Skema Business School, fusion de l'ESC-Lille et du Ceram Nice. Le contrat a été signé pour trois ans. Environ 7800 utilisateurs sont concernés : 6250 étudiants, un peu moins de 1200 enseignants (dont un millier de vacataires) et environ 400 administratifs. La migration s'effectuera cet été, comme toutes les opérations importantes dans les établissements supérieurs, et impliquera notamment de transférer 3 To de courriels. Frédéric Di Gleria revendique : « la grande question récurrente dans le public à chaque fois que j'ai témoigné de notre choix a toujours été : comment fait-on pour revenir en arrière ou pour changer de fournisseur ? Google s'était clairement engagé envers nous à ce sujet. La concurrence entre Microsoft et Google va pousser à encore plus d'innovation, les deux étant déjà très dynamiques. Le rythme des évolutions n'est donc pas prêt de se ralentir. Et c'est très bien. »
Mais pourquoi ce changement ? Certes, l'ESC Lille avait conservé une gestion d'annuaire de référence sous technologies Microsoft interfacée avec celui des Google Apps pour la gestion des comptes utilisateurs. « Nous avons signé un partenariat nettement plus complet avec Microsoft et concernant un périmètre beaucoup plus large » indique Frédéric Di Gleria. Ainsi, par exemple, le futur intranet avec des fonctions de réseau social sera conçu sous Sharepoint Online 2010. L'offre Live@Edu est un SaaS directement concurrent des Google Apps mais s'appuie sur les Office Web Apps. Celles-ci, dans le cadre du S+S (Software+Service) de Microsoft, s'interfacent avec Office 2010, par opposition avec les Google Apps qui sont pures SaaS.
Au delà de la bureautique, Skema est actuellement en train de fusionner les SI de ses différents campuspour disposer d'un campus virtuel unique : Lille, Sophia-Antipolis, Paris, Suzhou (Chine), Casablanca (Maroc), et Raleigh (Etats-Unis). Cette fusion va s'opérer au travers du PGI maison Siracuse, développé en technologies .Net de Microsoft. Frédéric Di Gleria précise : « pour l'instant, nous l'hébergeons nous-mêmes mais, à terme, le passer dans le nuage, par exemple sur Azure de Microsoft, est très envisageable. »
Illustration : Frédéric Di Gleria, DSI de Skema Business School, crédit photo D.R.
Live@Edu est gratuit, comme les Google Apps pour éducation, mais le partenariat signé pour trois ans comprend aussi la souscription à l'offre Campus de Microsoft dont Skema était déjà client. Son coût est indexé sur le nombre d'utilisateurs (et non celui de postes) à temps plein et dépend des logiciels choisis. Le budget final n'est pas encore totalement fixé. L'offre Campus est l'équivalent du contrat Software Assurance pour les établissements d'enseignement supérieur et implique 40 à 60% de remise sur le prix public éducation.
L'offre Campus prévoit, sans supplément de prix, un abonnement à MSDN Academic Alliance (MSDN AA) pour l'ensemble des 7800 utilisateurs. Il s'agit d'une offre logicielle destinée à l'enseignement supérieur qui permet aux étudiants et aux enseignants de bénéficier des logiciels Microsoft pour la pédagogie (salles de cours, de TP, libre-service pour les étudiants,...) incluant de nombreux produits tels que Windows 7, Windows Vista, Windows Server 2008, Visual Studio 2008, Virtual PC, Visio,...
Le soutien de Microsoft ne s'arrête pas là. Des spécialistes de Microsoft vont intervenir dans les enseignements et l'éditeur va notamment soutenir la création d'une chaire sur le thème « Développement numérique autour des réseaux sociaux ».
Par ailleurs, les incubateurs d'entreprises nouvelles innovantes du groupe Skema vont également bénéficier du soutien de Microsoft. Le communiqué commun de l'éditeur et du groupe d'enseignement supérieur privé détaille ainsi : « Microsoft mettra à disposition des logiciels et supports technologiques aux porteurs de projet des incubateurs Skema. L'entreprise fera également la promotion de son programme BizSpark à travers les entités de Skema auprès des startups. Elle organisera en outre des évènements pour entrepreneurs/développeurs sur les campus de Skema auprès des étudiants - un premier « BizSparkCamp » devant avoir lieu à la rentrée à Lille. De même, Skema associera Microsoft dans ses initiatives de soutien à l'entrepreneuriat local (Sophia Business Angels, mairie de Lille...) et dans son ambition de devenir la business school française la plus accueillante pour les entrepreneurs et les startups du web. »
Enfin, et ce n'est pas rien en cette période de crise, le groupe Skema est en train de négocier un partenariat dans le cadre du programme MACH (Microsoft Academy for CollegeHires). « Outre sa participation aux forums de l'école sur ce thème, Microsoft poursuivra et renforcera sa politique de recrutement de jeunes talents issus de Skema via ses offres de stages et d'emplois » indique le communiqué commun Skema/Microsoft.
Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International et Senior Vice President de Microsoft Corporation, est diplômé du Ceram (promotion 1983), la composante niçoise de Skema Business School. Il est aussi président du Conseil d'Orientation Stratégique de Skema Business School. « Microsoft soutenait financièrement le Ceram avant la fusion avec l'ESC Lille et, après celle-ci, s'est donc retrouvé à soutenir une école ayant fait le choix de Google Apps, situation qui ne pouvait perdurer sans une improbable ouverture d'esprit » commente Louis Naugès, président de Revevol. Ce cabinet de conseil est l'un des principaux évangélisateurs des Google Apps en France. Si l'ESC-Lille n'a pas été son client, Revevol est intervenu sur des projets similaires comme à l'ESSEC.
Louis Naugès déplore : « il n'est pas dans la culture de Google de financer des écoles et les solutions pour établissements supérieurs sont en principe gratuites ». Habituer à faible coût ou gratuitement les futurs techniciens qualifiés ou cadres supérieurs avec ses solutions durant leurs études reste une stratégie classique des éditeurs de logiciels (à commencer par Adobe et Microsoft). Google a probablement tort de négliger cette voie de promotion de ses offres. Mais le président de Revevol garde un motif de satisfaction : « démontrer concrètement que l'on peut migrer entre offres dans le nuage reste une bonne chose pour le succès du concept ».