La Royale et les cyber-recruteurs
En attendant ces jours bénis ou les guerres s'effectueront sans effusion de sang, que seules les drones et robots iront, la fleur à l'antenne, joyeusement s'étriper le processeur sur des champs de bataille, sans gaz innervant et sans bombe bactériologique (qui a jamais entendu parler d'un toaster frappé de botulisme ?), il faut bien que les armées recrutent encore quelques humains. Mais puisque nous vivons une fantastique période de transissions vers la modernité, c'est sur Second Life, à partir d'aujourd'hui, et ce jusqu'au 4 décembre, que la Royale tentera de convaincre les internautes d'épouser la carrière des Armes. Honneur, Patrie, Valeur, Discipline riment avec 0wn3r, Party (celle des jeux multiusers), Lam3rZ, Ascii line.
Jamais la frontière entre les jeux vidéo de la catégorie « shoot them all » et le monde réel ne se sont tant approché. Jamais l'on aurait un jour imaginé que les matafs puissent un jour faire le distinguo entre Internet et la « vraie vie »... pardon, passer de l'état de rat de base à celui de bouchon gras, de boum , de Cornichon à fermeture éclair ou de coq selon l'affectation. S'il fallait encore se convaincre de l'imminente fusion entre le virtuel et le réel, il suffirait de constater la ressemblance de plus en plus frappante entre les dessins des bâtiments taillés à la serpe que l'on peut admirer dans Second Life et les frégates furtives de nouvelles génération telles que l'Aconit. Un détail paradoxal, cependant, ne semble pas avoir interpellé nos chères confrères de la presse militaire : Alors qu'au XVIIeme siècle, l'enrôlement sur les frégates du Roy se limitait généralement à une prime de 15 sols et un coup de tafia dans les rades louches du port de Brest, le XXIeme siècle exige que l'on fasse appel aux services d'une entreprise étrangère -américaine plus précisément- pour racoler les éventuels impétrants mariniers et sous-mariniers. Tandis que dans cette même Amérique, filmée par Michael Moore, l'on peut constater que les sergents recruteurs des « Marines » font toujours confiance aux vieilles méthodes, celles qui consistent à ratisser les banlieues défavorisées et les halls de supermarchés pour harponner les jeunes recrues.
NdlC Note de la Correctrice : Je note au passage qu'alors que le Bagad de Lann Bihoué entonnera « C'est nous, les gars de la mariiiiiiiiineu, Quand on est dans les cols bleu, On n'se r'fuse pas un p'tit jeu (vidéo) », d'autres beaux militaires bretons, ceux de Coëtquidan, fêteront « 2S », anniversaire plus « impérial » que « royal ». Et je dois avouer que je préfère nettement l'uniforme des Cyrards à celui des marins. Ces plumes de casoar, ces épaulettes et ces passementeries toutes dorées, ca me rend toute chose.