La presse en ligne se convertit au modèle payant
Après avoir défendu la gratuité, Rupert Murdoch adopte aujourd'hui le modèle payant. Ce revirement s'inspire peut-être de l'exemple italien. Mais il reste à trouver un équilibre entre des portails gratuits très réactifs grâce au contenu enrichi par les internautes et une presse payante qui doit offrir une véritable valeur ajoutée.
(Source EuroTMT) En 2007, Rupert Murdoch affirmait que la formule de la presse en ligne gratuite financée par la publicité était nettement plus rentable que le modèle payant. Aujourd'hui, l'homme d'affaires australien a changé d'idée. Et profite de la présentation des comptes du premier trimestre 2009 pour annoncer la fin de la gratuité du Wall Street Journal en ligne d'ici à l'automne prochain. Un retour en arrière (la version en ligne du quotidien des affaires était déjà sur abonnement avant son rachat par News Corp.) qui pourrait être appliqué, en 2010, aux autres titres du groupe Murdoch comme, The Sun, The Times et le New York Post. A l'origine de ce revirement, la crise économique et l'effondrement du marché de la publicité. Les Italiens ont exploré cette voie avec succès En Italie par exemple, plusieurs journaux ont déjà emprunté ce chemin-là. A commencer par le quotidien romain La Repubblica qui vend son édition en ligne Extra depuis 2002. Et aussi une autre version payante disponible sur les téléphones portables depuis quelques mois. La semaine dernière enfin, ce quotidien a renforcé son offre en lançant une application compatible avec l'iPhone. Une opération bien ficelée qui a débouché sur un vaste succès commerciale au point que le Corriere Della Sera et le quotidien économique et financier Il Sole 24Ore se sont rapidement insérés dans le sillon tracé par La Repubblica. Du coup, les Italiens parlent de la création d'un système de kiosques en ligne qui pourrait favoriser le principe de la concurrence en poussant la presse à affronter la crise en revoyant sa qualité à la hausse. « Les médias devront nécessairement miser non plus sur « la vitesse » de la nouvelle mais plutôt, sur la façon de la donner » expliquait récemment le journaliste Stefano Carli dans une analyse publiée sur le quotidien La Repubblica. Information : les portails gratuits feront toujours la course en tête En d'autres termes, les portails gratuits, comme Twitter et Facebook, seront toujours les premiers dans la course à l'information grâce aux contributions des internautes. En revanche, seuls les journaux seront en mesure de fournir des articles de fond, des analyses structurées ou encore le dessous des cartes. C'est visiblement cette théorie qui aurait été découverte par Rupert Murdoch. De fait, le ballon d'essai qui sera lancé à l'automne prochain avec la formule payante du Wall Street Journal, prévoit l'introduction sur le site, de contenus dits « premium » comme pour la télévision numérique. Et la possibilité de souscrire un abonnement annuel moyennant une centaine de dollars. Une formule nettement plus intéressante que celle des « micro paiements » pour l'achat d'articles à l'unité qui comporte au final un coût pénalisant le portefeuille des lecteurs. En Italie, l'achat d'un article à l'unité moyennant la carte de crédit prévoit une commission dont le montant est à peu près identique à celui d'une opération bancaire effectuée auprès d'un guichet. Paiement électronique : à la recherche de la bonne formule Au final, le coût de la lecture revient nettement plus cher que l'achat d'un quotidien vendu de l'autre coté des Alpes à 1 euro pièce. « On pourrait envisager une solution de paiement en partant de la nouvelle directive sur l'e-Money approuvée il y a deux semaines par l'Union européenne » propose Stefano Quintarelli, expert italien de l'Internet. L'idée serait d'imaginer une formule de paiement électronique permettant au consommateur d'accumuler des dettes et des crédits virtuels. Les comptes seraient faits à la fin de chaque mois et le paiement effectué en une seule fois.