La numérisation et l'archivage des images radiologiques progressent lentement

le 17/05/2010, par Johanna Godet, Infrastructure, 980 mots

Le projet « PACS » de la Société Française de Radiologie vise à mettre en réseau les archives d'images médicales. Il a été présenté le 17 mai. Outre la réduction des coûts, ce projet vise à améliorer la qualité du suivi des patients.

La numérisation et l'archivage des images radiologiques progressent lentement

Le lundi 17 mai à l'Institut Pierre et Marie Curie à Paris, la Société Française de Radiologie (SFR) a présenté lors d'une conférence de presse l'état d'avancement du projet informatique hospitalier d'archivage d'imagerie médicale ou PACS (Picture Archiving and Communication System). La présidente, le vice-président et le responsable de la communication de la SFR étaient présents.

Via ce projet, les structures médicales privées ou publiques en France devraient bénéficier d'un nouveau système d'archivage des données d'imagerie médicale, dans le cadre du plan Hôpital 2012 et du plan Cancer.

L'objectif  est de faciliter le suivi des patients dans les services de radiologie, d'améliorer la qualité des soins et d'en limiter les coûts. A titre d'exemple, en 2003, les frais de films de l'Institut Pierre et Marie Curie s'élevaient à 500 000 € par an. Avec le système PACS, ils sont tombés à 20 000 €.

La mise en place devrait être réalisée en plusieurs étapes. Actuellement, les hôpitaux commencent à numériser leurs images médicales ainsi que leur archivage. Dans une prochaine étape, qui sera la plus importante, leurs données seront mises en réseau pour être échangées entre les services et à plus grande échelle entre les établissements médicaux. Une procédure de sauvegarde permettra de protéger ces données en cas de dysfonctionnement ou de panne majeure des serveurs.

Stockage des données d'imagerie médicale selon le système PACS

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Meilleure gestion du suivi des dossiers
La rapidité d'accès aux informations, la vision d'ensemble, la concertation et les échanges facilités entre les cliniciens sont les principales avancées permises par ce système PACS. Les médecins et les radiologues devraient donc avoir plus de facilité à interpréter les données, le dossier clinique du patient étant complet et mis à jour au fur et à mesure des examens.

Comme le précise le docteur Sylvia Neuenschwander, présidente de la SFR et chef du département d'imagerie médicale de l'Institut Curie « en un clic nous chargeons des examens et nous comparons les images dans le temps ce qui nous permet de vérifier l'évolution d'un traitement. » Le Professeur Patrice Taourel, responsable du comité de communication de la SFR et chef du service de radiologie de l'hôpital Lapeyronie de Montpellier, ajoute que « la lecture est plus rapide, plus précise et hiérarchisée ».

En effet, en radiologie, grâce au numérique, pour radiographier un corps entier plus de 6 000 plans de coupe sont réalisés. Le temps où les radiologues travaillaient avec un seul plan est révolu.

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Photo : Scanner d'un patient polytraumatisé (D.R)

De plus, le diagnostic est accéléré car ...

Photo : (de gauche à droite) Dr. Laurent Verzaux, Vice-Président de la SFR et radiologue libéral au Havre, Dr. Sylvia Neuenschwander, Présidente de la SFR et chef du département d'imagerie médicale de l'Institut Curie, Pr. Patrice Taourel, responsable du comité de communication de la SFR et chef du service de radiologie de l'hôpital Lapeyronie de Montpellier



... « nous transmettons très vite les images à tous les services concernés qui pourront ainsi vérifier s'il y a une urgence et si le patient doit être opéré en urgence » explique le Professeur Patrice Taourel. Le patient voit lui aussi les bénéfices de ce nouveau système car «grâce au PACS les redondances sont évitées, ce qui d'une part réduit l'exposition aux rayons X du patient et d'autre part diminue le coût de cet examen », ajoute le Professeur Patrice Taourel.

Côté administratif, la numérisation et la centralisation des dossiers patients permettent d'éviter que les identifications ne soient dupliquées.

Cas de l'Institut Pierre et Marie Curie
Dans ce cadre, l'hôpital Pierre et Marie Curie est aujourd'hui un institut « sans film ». Au total, il lui a fallu quatre ans pour déployer complètement le projet. En 1998, il a commencé par informatiser les dossiers médicaux pour mettre en place en 2002 le PACS en version pilote.

C'est seulement en 2003 que le projet a été généralisé à tout l'hôpital. Un logiciel de visualisation et de stockage d'images a été installé. L'institut a adapté ses postes de travail avec des doubles et triples écrans. En 2004, l'hôpital a totalement abandonné les dossiers papiers, pour devenir en 2007 à un établissement « sans film ». « Le travail d'archiviste a évolué, maintenant tout le monde est derrière une console » s'exclame le docteur Sylvia Neuenschwander.

Limites du projet
Malgré tout, ce projet ne concerne actuellement que 30 établissements en France. L'hexagone serait nettement en retard comparé aux autres pays européens, pour lesquels en moyenne 50% des établissements fonctionnent avec des systèmes de type PACS. Le docteur Laurent Verzaux, Vice-Président de la SFR et radiologue libéral au Havre explique principalement ce retard par le coût de mise en place.

Alors qu'à l'échelle nationale le PACS devrait coûter 24 millions d'euros, un cabinet privé devra compter 60 000 € pour l'archivage de ses données, 6 000 € pour la maintenance et 600 € par mois pour l'installation d'un haut débit permettant de communiquer ces informations avec les autres établissements médicaux.

Le docteur  Laurent Verzaux ajoute que « l'un des freins du déploiement de ce projet est le problème de l'identifiant. La CNIL s'est positionnée contre le fait d'utiliser le numéro de sécurité sociale comme identifiant. De ce fait des informaticiens se penchent sur la création d'un algorithme commun à tous les centres médicaux, leur permettant de décentraliser les dossiers cliniques des patients ».

La prochaine étape sera donc de mutualiser les équipements à l'échelle régionale, avant de passer au niveau national. A ce titre, plusieurs initiatives voient le jour telles que le projet « Région sans film », lancé dans plusieurs régions dont l'Ile-de-France.

Photo : Dr Laurent Verzaux, Vice-Président de la SFR et radiologue libéral au Havre, Dr Sylvia Neuenschwander, Présidente de la SFR et chef du département d'imagerie médicale de l'Institut Curie, Pr Patrice Taourel, responsable du comité de communication de la SFR et chef du service de radiologie de l'hôpital Lapeyronie de Montpellier

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