La mauvaise configuration des datacenters, source de gros gaspillages
Les vieux serveurs ne se contentent pas de brûler de l'électricité. Ils sont aussi toxiques pour l'environnement.
Selon l'EPA, l'agence américaine de protection de l'environnement (United States Environmental Protection Agency), les datacenters démesurés qui sortent de terre partout dans le monde ont de multiples impacts négatifs sur la planète. Le premier effet le plus évident concerne la consommation d'énergie. Les datacenters pompent 3 % de la production mondiale d'électricité et consomment plus d'énergie que l'ensemble du Royaume-Uni. Mais à cela, il faut aussi ajouter l'énorme gaspillage généré par le remplacement des serveurs. Amazon et d'autres entreprises de même envergure déploient plus d'un million de serveurs physiques par an dans le monde. Ça veut dire que les anciens serveurs sont éliminés. Ces remplacements concernent aussi toutes les entreprises qui font tourner des serveurs.
L'EPA estime que les déchets électroniques éliminés représentent aujourd'hui 2 % de tous les déchets solides et 70 % des déchets toxiques. Ces déchets contiennent des produits chimiques comme le plomb, le mercure, le cadmium et le béryllium, et d'autres produits tout aussi dangereux comme les retardateurs de flamme à base de brome. Or ces déchets proviennent en majorité d'anciens serveurs et composants. Selon une étude du fournisseur de serveurs Supermicro, cette situation est due en grande partie à une configuration et un mode de gestion défaillants des datacenters. Dans l'enquête réalisée auprès de personnes responsables de l'achat et de la gestion du matériel informatique des datacenters (voir PDF), seuls 59 % des 361 répondants considèrent que l'efficacité énergétique est importante pour la construction ou la location d'un nouveau datacenter. L'efficacité énergétique arrive en quatrième position derrière la sécurité, la performance et la connectivité dans les critères prioritaires de gestion des datacenters existants.
Peu d'intérêt pour l'efficacité des datacenters
Le résultat ? Environ 58 % des répondants ne connaissaient pas l'indicateur d'efficacité énergétique (Power usage effectiveness - PUE) de leur datacenter. Le PUE mesure l'efficacité du refroidissement des systèmes informatiques. Plus la valeur est proche de 1,0, mieux c'est. Et même si le PUE est une obsession pour Google et d'autres opérateurs de datacenters hyperscales, l'indicateur est méconnu de la majorité des utilisateurs. Par exemple, on sait qu'il n'est pas nécessaire de refroidir les équipements d'un datacenter comme le contenu d'un réfrigérateur. Dans de nombreuses situations, la température ambiante naturelle est suffisante, et l'on peut économiser beaucoup d'argent, d'énergie et d'eau si l'on ne transforme pas son datacenter en chambre froide. Ce n'est peut-être pas une température idéale pour les humains, mais les serveurs s'en accommodent très bien.
Néanmoins, seulement 6 % des personnes qui connaissent leur PUE arrivent à des niveaux d'indice optimaux. Bref, presque personne ne se soucie de l'efficacité de son datacenter. La conséquence : le matériel s'épuise et il faut s'en débarrasser. On estime que chaque année, entre 20 et 50 millions de tonnes métriques de déchets électroniques sont éliminés dans le monde, entraînant le dépôt de métaux lourds et d'autres déchets dangereux dans les sites d'enfouissement. « Seulement 28 % des répondants tiennent compte des questions environnementales dans le choix de la technologie des datacenters ». Dans son rapport, Supermicro invite fortement ces responsables à reconsidérer sérieusement leur stratégie et à prendre en compte un nouvel indicateur, en l'occurrence « le coût global pour l'environnement », pour mesurer l'efficacité de leur datacenter. « Supermicro exhorte les leaders de l'industrie à incorporer des solutions désagrégées d'économie de ressources dans leurs plans de datacenters afin de limiter leur PUE moyen à 1,30 et de réduire les déchets électroniques générés d'ici 2025 ». Le fournisseur ajoute que « la santé de notre environnement, de notre planète et de nos citoyens peut en dépendre ». De plus en plus d'entreprises adoptent des politiques vertes et sont conscientes de leur impact environnemental. Un message à faire passer à toutes celles qui n'ont pas encore pris d'engagement à ce sujet.