La libération de fréquences exacerbe les rivalités entre les télécoms et l'audiovisuel
Un colloque organisé le mercredi 4 juin sur les média numériques a montré que la convergence entre l'audiovisuel et les télécoms ne se fait pas sans difficulté car elle devient de plus en plus un véritable enjeu économique et politique.
Si la convergence entre l'audiovisuel et les télécoms commence à devenir une réalité technique, elle est en revanche beaucoup plus difficile à faire partager par les différents acteurs de ces deux mondes. C'est en tout cas le sentiment que l'on a eu en suivant le colloque organisé le 4 juin par le cabinet NPA et le Figaro, intitulé : « Medias Numériques en 2008 : Transition ou Big Bang ». Pourtant, malgré ce titre racoleur et la distribution de tract de la CGT - protestant contre les conséquences de la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public - la journée avait plutôt commencé sous le signe du consensus. Faire travailler ensemble l'Arcep et le CSA Eric Besson, secrétaire d'Etat au développement de l'économie numérique avait en effet ouvert le bal en soulignant la volonté du gouvernement de développer les technologies numériques et en appelant les acteurs de l'audiovisuel et des télécoms à s'entendre pour faire avancer rapidement les grands chantiers (Télévision Mobile Personnelle, TNT...). Seule note pertinente peut être dans ce discours un peu lisse : le souhait que le CSA et l'Arcep (le régulateur des télécoms) travaillent plus étroitement ensemble. En tout cas, dès les interventions suivantes, il est apparu que les souhaits d'Eric Besson n'allaient pas être faciles à accomplir, notamment lors d'une table-ronde sur la régulation des services numériques, puis avec les interventions de Michel Combes, PDG de TDF puis celles de Michel Boyon, Président du CSA et enfin Paul Champsaur, président de l'Arcep. La libération des fréquences en 2011 Car si ces différents mondes sont désormais obligés de se côtoyer voire de travailler ensemble, leurs divergences sont parfois profondes. Au coeur du conflit : l'attribution des fréquences hertziennes qui devraient être libérées d'ici 2011 avec l'arrêt de la télévision analogique. Alors qu'il semble aujourd'hui acquis que les télécoms devraient récupérer une partie de ces fréquences sans pour autant dépouiller totalement le secteur audiovisuel, ce dernier peine encore à accepter le découpage proposé. La bataille qui s'est engagée depuis plusieurs mois est lourde de conséquences financières. Dans le futur monde numérique où le modèle économique n'est pas encore bien établi, chaque acteur essaye de se positionner au plus vite sans craindre - à l'instar d'Orange qui se lance dans la production de contenu - de brouiller les pistes. Un consensus sur le dos des politiques En fait, si consensus, il y a eu, ce fut plutôt sur le dos des politiques à commencer par la commission européenne. Ainsi Michel Combes de TDF trouve que la révision du Paquet Télécom proposée par Bruxelles « est dangereuse car elle prône une neutralité technologique et n'impose pas de contraintes de services aux nouveaux entrants ». Enfin, Pascal Rogard, directeur général de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) s'en est pris au gouvernement actuel redoutant une « Berlusconisation de la télévision française » et regrettant que « Jean-François Copé et Christine Albanel viennent au secours de la télévision commerciale sans un seul regard pour la création ».