La guerre met à l'épreuve la résilience des télécommunications et de l'Internet en Ukraine

le 13/03/2023, par Michael Cooney, IDG NS (adapté par Jean Elyan), Réseaux, 1255 mots

Dans une situation de guerre permanente, l'Ukraine est confrontée à la tâche colossale de maintenir les technologies de l'information et de la communication en état de marche.

La guerre met à l'épreuve la résilience des télécommunications et de l'Internet en Ukraine

Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la résistance et la défiance générales du pays sont une source d'inspiration, mais le maintien des télécommunications et de l'accès à Internet est devenu beaucoup plus difficile. Au début du conflit, le réseau Internet du pays a résisté à quelques pannes et ralentissements, mais la situation a changé au fil du temps, les agresseurs consacrant davantage d'efforts à la destruction de sites physiques et au déploiement de logiciels malveillants et d'autres armes de cybersécurité. Ainsi, dans un récent rapport, les chercheurs de Top10VPN indiquent que, depuis le début de la guerre, l'Internet ukrainien a été réduit d'au moins 16% à l'échelle nationale ; 17 % de tous les appareils connectés au réseau, auparavant détectables par des scans Internet, semblent avoir été perdus ; depuis l'invasion, les adresses IP accessibles ont diminué de 81 % à Kherson, ville ukrainienne clé sur la mer Noire, de 59 % à Donetsk et de 56 % à Louhansk, Kherson ayant connu la plus longue période de pannes les plus graves, avec près de 1 500 heures au total.

« Depuis mars 2022, l'Ukraine a connu pas moins de 276 interruptions de l'Internet de gravité variable, pour un total près de 19 000 heures et au moins 45 pannes sévères de plus de 3 800 heures », a déclaré Top10VPN. « La destruction délibérée des infrastructures physiques, les coupures Internet intentionnelles et les mouvements de population à grande échelle ont conduit à des connexions instables et réduites dans tout le pays », a encore déclaré Top10VPN. « L'écrasante majorité des violations numériques ont eu lieu dans les régions occupées, où les agresseurs ont restreint l'accès à Internet, introduit des mesures de censure numérique et pris le contrôle de l'infrastructure de télécommunications », a ajouté Top10VPN. « Ces initiatives ont entravé la capacité des Ukrainiens à accéder à des informations potentiellement vitales, empêché les amis et les familles de communiquer, et créé des conditions dans lesquelles la propagande russe ne peut être contestée ».

Mainmise russe sur les équipements

D'autres rapports ne font pas état d'une amélioration de la situation. L'Union internationale des télécommunications (International Telecommunication Union, ITU) indique dans un rapport publié en septembre qu'au cours des six premiers mois de la guerre, l'infrastructure de télécommunications de l'Ukraine a subi des dommages importants dans plus de 10 des 24 régions du pays et qu'il faudrait 1,79 milliard de dollars pour rétablir le réseau à son niveau d'avant-guerre. Les attaques contre les infrastructures filaires ont commencé très tôt. Selon l'ITU, au 1er mai 2022, la qualité de la transmission des données sur les réseaux fixes à large bande a diminué de 13 % en moyenne et près de 11 % du nombre total de stations relais des opérateurs mobiles sont hors service. Depuis la publication du rapport, ces chiffres ont sans doute augmenté du fait de la destruction d'équipements et autres actions. « Par exemple, afin de bloquer l'accès aux ressources web ukrainiennes, l'agresseur a envahi les bureaux du fournisseur d'accès à Internet Status basé à Kherson, et forcé l'entreprise à connecter ses équipements aux réseaux russes », a déclaré l'Union internationale des télécommunications.

« La redirection du trafic ukrainien vers les fournisseurs de services russes, où ils peuvent contrôler l'accès et exercer une surveillance, est également un problème croissant, selon l'ITU et d'autres organismes », a aussi déclaré Top10VPN. « La prise de contrôle de l'infrastructure de télécommunications dans la région a permis de mettre en oeuvre des mesures de censure numérique sévères dans les régions occupées », a encore déclaré Top10VPN. « Au mois de juin, plus de 700 fournisseurs de services ukrainiens étaient sous occupation russe », a déclaré la commissaire aux infrastructures et services numériques de l'Ukraine, Liliia Malon, dans un rapport de Bloomberg. « Pour les occupants russes, c'est une cible et un objectif de détruire notre infrastructure Internet ou simplement d'en prendre possession », a encore déclaré Mme Malon. « Mais nous croyons et espérons vraiment que ce territoire nous reviendra très bientôt, et que nous mettrons fin à cette situation », a ajouté la commissaire.


Plus de batteries pour éviter les coupures

En effet, la résilience ukrainienne se manifeste aussi dans le maintien des télécommunications et de l'Internet, alors que le gouvernement et les fournisseurs de services tentent de rétablir les services dans de nombreuses régions du pays. Par exemple, l'ITU a noté qu'en avril 2022, après avoir effectué environ 3 000 réparations d'infrastructure avec 450 techniciens dans 110 villes et avoir remis en état plus de 10 km de câble optique, près de 90 % du réseau à large bande fixe de l'entreprise de télécommunications Kyivstar à Kiev était déclaré opérationnel. En août, plus de 30 km de câble à fibres optiques avaient été restaurés et le nombre de réparations a augmenté. D'autres grands fournisseurs, dont les opérateurs mobiles ukrainiens Lifecell et Vodaphone Ukraine, font également état de réparations importantes et du rétablissement des services dans certaines parties du pays. « Depuis le début de la guerre, Lifecell a effectué plus de 55 000 visites d'équipes pour réparer les équipements, et 92 % de ses réseaux sont désormais opérationnels. Ukrtelecom avait 87 % de ses bureaux régionaux en ligne », ont déclaré les entreprises au Time en octobre.

Pour la plupart des fournisseurs et des clients, le problème reste l'alimentation électrique, car les coupures de courant sont la norme. Ils ont aussi besoin de batteries. Selon un récent article du Wall Street Journal, les opérateurs de téléphonie mobile recherchent des systèmes de secours au lithium-ion qui durent plus longtemps que les batteries au plomb et dont la charge est moins longue. Kyivstar a reçu et installé 8 000 batteries, et Vodafone Ukraine en a installé 5 000, selon ce même article. Ils ont également besoin de générateurs pour alimenter les stations relais sans fil. « Environ 25 % des stations relais du pays sont hors service à tout moment en raison de pannes de courant permanentes », a déclaré au Journal Stanislav Prybytko, directeur des communications mobiles au ministère ukrainien de la transformation numérique. En novembre, les pires attaques russes sur le réseau électrique ont mis hors service 59 % des stations relais. L'accès à lnternet a été stimulé par l'usage généralisé d'appareils qui se connectent au service internet par satellite Starlink de Space X. Selon un tweet posté la semaine dernière par Mykhailo Fedorov, le vice-Premier ministre ukrainien et ministre de la Transformation numérique, l'Ukraine dispose de 30 000 terminaux Starlink et 10 000 autres sont en cours d'acheminement depuis l'Allemagne. « La Russie avait prévu de nous déconnecter complètement, mais notre infrastructure de télécommunications n'a fait que se renforcer », a-t-il tweeté.

Passage accéléré l'e-identité

Récemment, M. Fedorov a aussi fait l'éloge des services de l'application Diïa du gouvernement. Lancée en 2020, elle permet aux citoyens ukrainiens d'utiliser des documents numériques stockés dans leurs smartphones au lieu de documents physiques pour s'identifier et partager des informations. « Cela fait presque un an que l'Ukraine est en guerre. Pourtant, notre situation numérique continue d'évoluer. Plus précisément, après le 24 février, nous avons lancé au moins 40 nouveaux services et produits pour les citoyens utilisant Diïa. Les services publics en ligne sont un élément essentiel de la résilience ukrainienne », a-t-il encore tweeté. Malgré son évaluation sévère des dommages subis par les réseaux de communication ukrainiens, l'Union internationale des télécommunications a essayé de conclure sur une note d'optimisme, se réjouissant de la fin de la guerre et du retour à la paix dans le pays. « L'aspect positif de tout cela, c'est que, grâce à des efforts de planification minutieux et à un soutien financier international, il est possible de construire en Ukraine une infrastructure de réseaux et de services de nouvelle génération de pointe », indique le rapport de l'ITU.

Cisco muscle les capacités de Catalyst SD-WAN

Gestion du routage, intégration avec les systèmes Microsoft Sentinel et Skyhigh Security, et commutateur Catalyst edge font partie des mises à jour. La série d'améliorations apportées par Cisco à son offre...

le 28/09/2023, par Michael Conney, IDg NS (adapté par Jean Elyan), 797 mots

Aruba Networks s'intéresse aux PME avec ses routeurs WiFi 6

La gamme Instant On de HPE Aruba vise à simplifier le déploiement et la gestion des réseaux (WIFi et filaire) pour les petites et moyennes entreprises. Le point d'accès et le commutateur annoncés par la...

le 26/09/2023, par Michael Cooney, IDG NS (adapté par Jean Elyan), 445 mots

Les applications d'IA, de sécurité et de mise en réseau poussent à...

Les commutateurs intelligents smartswitchs, comme le switch CX 10000 d'Aruba, stimulent l'utilisation des DPU dans les entreprises. Parce qu'elles exigent des performances système accrues, les applications...

le 12/09/2023, par Michael Conney, IDg NS (adapté par Jean Elyan), 1654 mots

Dernier dossier

Les white-box sont-elles l'avenir de la commutation réseau ?

Et si vous pouviez gérer vos commutateurs de centres de données et vos routeurs de la même façon que vos serveurs et ainsi réduire les coûts des dépenses en capital ? C'est la promesse des white-box qui amènent des systèmes d'exploitation réseau open source fonctionnant sur du matériel courant.Pour en avoir le coeur net, nous avons testé Cumulus...

Dernier entretien

Céline Polo

DRH du groupe iliad

"Nous recrutons dans des métiers en tension, en particulier sur l'infrastructure réseau, pour lesquels il y a...