La fronde enfle contre le fichier Edvige
De nombreuses critiques ciblent le fichier Edvige, un mois après la publication au Journal Officiel, du décret portant sur sa création. Après la Cnil qui a exprimé ses réserves sur ce dossier et une pétition qui recueille plus de 63 000 signataires, c'est au tour des représentants du monde politique de monter au créneau, dont Corinne Lepage. Le fichier Edvige (Exploitation Documentaire et Valorisation de l'Information GEnérale) est une création du ministère de l'Intérieur et le fruit de la fusion des Renseignements généraux et de la DST. Il prévoit de centraliser des données personnelles relatives aux individus susceptibles de porter atteinte à l'ordre public, et plus étrangement, à ceux engagés dans la vie politique, associative, syndicale ou religieuse. Soit potentiellement la France entière, ou pas loin. D'autant plus que l'âge minimum pour apparaître dans Edvige est fixé à 13 ans. Le spectre d'information recueilli est large. Les opinions politiques ou philosophiques des personnes visées peuvent être enregistrées ainsi que celles des proches des personnes fichées. Les informations recueillies peuvent être conservées sans limite de temps sauf si elles sont collectées « pour les seuls besoins d'une enquête administrative ». La semaine dernière, l'adjoint au maire de Lyon, et élu Vert, Etienne Tête, déposait un recours devant le Conseil d'Etat contre le décret officialisant la création d'Edvige. Etienne Tête fonde son action sur la violation par le texte mis en cause de la Convention européenne des droits de l'Homme. En particulier, la base de données ficherait des citoyens ne présentant pas de risque pour la sécurité publique, et irait dès lors à l'encontre du principe de respect de la vie privée. Autre initiative allant dans le même sens : la présidente de Cap 21, Corinne Lepage, a aussi déposé un recours devant le juge administratif afin de faire annuler le décret. Selon elle, le texte se dresse comme une barrière à l'exercice d'une fonction politique : les informations recueillies seraient incompatibles « avec la liberté politique indispensable au fonctionnement démocratique ». Photo : Corinne Lepage,présidente de Cap 21 (photo D.R.)