La facturation, un avantage concurrentiel pour les opérateurs
Les opérateurs et fournisseurs de services Télécoms sont bien souvent bloqués dans leurs définitions et commercialisations de nouveaux produits. Ils ne savent pas les facturer en toute souplesse et simplicité. Fergus O'Reilly, VP Stratégie Produit chez l'éditeur Highdeal, nous explique en quoi la facturation joue un rôle essentiel et concurrentiel chez ces acteurs.
R&T : Quels sont les besoins et lacunes éventuelles des opérateurs en matière de facturation ? Fergus O'Reilly : Les opérateurs et fournisseurs de services possèdent pour la plupart des systèmes anciens de facturation, mis en place par lignes de produits. Ils en avaient un pour le fixe, puis ils en ont ajouté un autre pour le mobile, puis pour la data mobile, puis pour les services innovants, etc...Ces différents systèmes traitent chacun un segment de facturation. Cela fonctionne, mais les opérateurs rencontrent des problèmes dès qu'ils veulent enrichir leurs catalogues de produits. Ils ont besoin de combiner les produits entres-eux, notamment avec l'avènement des offres de convergence. La composition des offres est alors impossible à faire. Ils sont incapables de concevoir des offres tarifaires personnalisées et attractives. Ils doivent aller au delà du tarif forfaitaire unique et de la facturation par services. Ils cherchent à modeler des offres tarifaires en fonction des heures, du type de services (télésurveillance, VOD....), des populations concernées... Résultat, les opérateurs historiques font souvent de la bidouille. R&T : Comment répondez vous à ces nouveaux besoins ? F.O.R : Nous avons une vision de « convergent charging ». Nous gardons des bouts des systèmes de facturation classiques mais, en amont, nous permettons de valoriser en temps réel les comptes utilisateurs. Le système doit en effet dialoguer avec le réseau en temps réel et avec n'importe quelles applications. Notre solution offre des options de paiements hybrides (pré et post-payé, paiement groupé...). Nous permettons ainsi de composer avec un forfait illimité à la maison et des offres limitées pour les enfants, de facturer différemment la VOD... Avec ces services convergents le montant de la facture augmente. Les utilisateurs veulent maîtriser leur consommation, en temps réel. Les opérateurs veulent de leur côté mieux contrôler la fraude. Nous voyons émerger dans l'industrie, cette couche de « convergent charging » qui permet de connaître toutes les balances disponibles, valorisées en temps réel. R&T : Avez-vous déjà des réalisations concrètes ? F.O.R. : Nous affichons environ 160 implémentations. Nous travaillons avec des partenaires équipementiers et éditeurs de softswitchs (Thomson Cirpack, Netcentrex...). Récemment, nous avons aidé Budget Télécom à facturer ses abonnés sur le fixe et à préparer son offre MVNO. Azur Télécom nous utilise pour des services wholesales. AOL en France et en Allemagne se base sur notre solution pour sortir des services VoIP innovants. R&T : Difficile pour un opérateur fixe de se lancer comme MVNO et de facturer ? F.O.R. : Difficile en effet de faire converger la facturation de deux réseaux différents. Videotron, au Canada, fournit des services sur le câble auxquels ils ajoutent du mobile avec Roger Communication. Il y a un niveau d'intégration possible, mais il manque la partie temps réel. Les systèmes « intelligents » sont hermétiques et fermés. Les MVNO ne parviennent pas à récupérer la facturation en temps réel. La partie prépayé reste chez l'opérateur historique. Ils ne récupèrent que les transactions. R&T : Les opérateurs ont-ils conscience que la facturation est le nerf de la guerre et devient un avantage concurrentiel ? F.O.R : Bon nombre de besoins marketings n'ont pu être réalisés Les opérateurs ont donc été forcés de faire évoluer leurs systèmes. De plus, les différentes entités des opérateurs travaillent dorénavant ensemble sur les services convergents. De plus en plus, les grands opérateurs se rendent compte que la facturation est une valeur ajoutée. Les concurrents, plus orientés média, ou on-line, de type Google, Microsoft ou Yahoo, ne savent pas trop faire. Ils n'ont pas de relation de facturation avec leurs visiteurs. Il leur est difficile de basculer dans ce monde de la facturation. De fournisseurs de services, ils deviennent des fournisseurs de produits de communication. Ils cherchent à concevoir des offres pour des cibles communautaires. La facturation est devenue en effet le nerf de la guerre.