La Cour Européenne soutient Telefonica face à Portugal Telecom
La Cour Européenne s'est prononcée en faveur de Telefonica dans l'affaire Vivo. Le Portugal doit maintenant décider s'il veut toujours s'opposer à la vente de Vivo ou bien s'il désire entamer des négociations, tout en sauvant la face.
(Source EuroTMT) C'est un jugement qui ne pouvait pas mieux tomber pour l'opérateur mobile espagnol Telefonica. Une semaine après le coup de Jarnac réussi par l'Etat portugais dans le dossier Vivo, la Cour européenne de justice vient en effet de rendre sa décision dans le dossier de la « golden share » détenue par le Portugal dans Portugal Telecom.
Et, sans grande surprise, la Cour a suivi l'avis de l'avocat général et a donc déclaré « illégale » cette golden-share. Une décision qui, même si elle n'est pas rétroactive, va forcément affaiblir la position du gouvernement portugais.
Mercredi 30 juin, alors qu'une très large majorité des actionnaires de Portugal Telecom (74 %) s'était exprimée en faveur de la vente de la participation de 50 % détenue dans l'opérateur mobile brésilien Vivo, le Portugal faisait jouer ses droits attachés à sa golden-share dans l'opérateur domestique pour opposer son veto à l'opération.
Pour les pouvoirs publics lusitaniens, cette participation est en effet stratégique pour l'ex opérateur public Portugal Telecom : en difficulté sur son marché domestique en raison de la vive concurrence que lui livre son ex-filiale Zon, un câblo-opérateur, dans le haut débit, Portugal Telecom tirait l'essentiel de sa croissance et de ses profits de sa participation dans Vivo, lui permettant de financer en grande partie ses investissements dans les réseaux.
Une participation d'autant plus importante qu'elle est la principale de l'opérateur portugais à l'étranger. Mais en face, Telefonica veut ...
Illustration : siège de Telefonica à Madrid (D.R.)
(Source EuroTMT)...marier Vivo avec son activité brésilienne dans le fixe et le haut débit pour améliorer ses positions concurrentielles face à American Movil, son principal concurrent en Amérique du Sud.
Et après avoir sous-évalué Vivo, l'opérateur espagnol avait fini par proposer un prix nettement plus conforme avec les valorisations faites par les analystes : sa dernière offre, celle soumise au vote des actionnaires de Portugal Telecom, était de 7,15 milliards d'euros.
Depuis, Telefonica semblait travailler sur une nouvelle offre. Les milieux financiers indiquaient en effet que le groupe espagnol cherchait des lignes de refinancement d'un montant global de 8 milliards, tout en préparant des recours devant la justice.
De part son jugement, la Cour européenne de justice oblige maintenant l'Etat portugais à réagir, sans attendre une nouvelle condamnation. Seulement deux scénarios semblent envisageables : soit le Portugal ne veut toujours pas entendre parler d'une vente de la participation de Vivo et, dans ce cas, il doit entrer au capital de l'opérateur à un niveau suffisant lui permettant de constituer un bloc majoritaire ; soit il entame des discussions avec Telefonica pour trouver une solution lui permettant de sauver la face.
Ce deuxième scénario semble le plus probable, d'autant que l'opérateur portugais a déjà annoncé son intention, la veille de la publication du jugement de la Cour européenne de justice, de sa volonté d'ouvrir des négociations avec Telefonica.