La Chine renonce pour l'instant à censurer le Web via un filtrage sur les PC
Les défenseurs des libertés individuelles se frottent les mains, au moins provisoirement : la Chine vient d'ajourner son projet visant à installer un logiciel de filtrage dans tous les ordinateurs vendus sur son territoire. Le mouchard, baptisé la barrière verte, était censé entrer en service le 1er juillet afin de proscrire aux 300 millions d'internautes chinois l'accès aux contenus violents et pornographiques du Web. Selon le ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'information, ce report sine die tire son origine dans les contraintes techniques que l'outil de filtrage fait peser sur les constructeurs. Cité par l'agence de presse Chine nouvelle, le ministère indique que les fabricants ont besoin davantage de temps pour installer les mouchards sur leurs machines. Le terrain économique préféré à celui des libertés Au cours des dernières semaines, de nombreuses réactions au projet de l'Empire du milieu ont fusé, notamment issues du gouvernement américain. Plutôt que de dénoncer une atteinte aux libertés individuelles, c'est sur le terrain économique qu'a porté l'offensive. Le secrétaire au Commerce, Gary Locke - lui-même d'origine chinoise - et le représentant au Commerce extérieur, Ron Kirk, ont ainsi adressé une missive à la Chine dans laquelle ils mettent en avant les difficultés que l'installation du logiciel honni entraînerait pour les constructeurs d'ordinateurs. « Le fait d'obliger à installer un logiciel techniquement défaillant et de refuser aux fabricants et aux consommateurs de choisir leur logiciel de filtrage est un moyen inutile et injustifié d'atteindre cet objectif, et représente un sérieux obstacle au commerce », ont-ils expliqué. Dans la foulée, une association de 22 industriels de l'IT issus des Etats-Unis, d'Europe et du Japon, a fermement encouragé le premier ministre chinois, Wen Jiabao, à abandonner le logiciel filtrant. En Europe, les réactions ont été moins prosaïques. La Commission européenne a ainsi préféré axer sa réflexion sur les droits de l'Homme. Selon Bruxelles, le dessein de ce filtrage, « contrairement à ce que les autorités chinoises affirment, est clairement de censurer Internet et de limiter la liberté d'expression ». Et de poursuivre en rappelant que « la Chine ne peut pas concurrencer les autres puissances du monde sur le plan économique sans faire attention à la liberté d'expression ».