L'opérateur norvégien Telenor pris dans un imbroglio en Russie
Depuis cinq ans, l'opérateur norvégien Telenor et le groupe russe Alfa s'affrontent par tribunaux interposés pour le contrôle de l'opérateur mobile russe Kyivstar. Ayant perdu un épisode pour le moins rocambolesque de ce qui est un véritable imbroglio judiciaire, Telenor a été condamné à verser une indemnité de 1,72 milliard de dollars et semble aujourd'hui dans l'impasse.
(Source EuroTMT) Le pire est peut-être en train de se produire en Russie pour Telenor. En ayant perdu la semaine dernière l'action intentée devant un tribunal russe pour geler l'amende imposée par une cour sibérienne en février dernier, le temps que son appel sur ce premier jugement soit jugé, l'opérateur norvégien pourrait tout perdre. Citant le bureau fédéral des huissiers, l'agence de presse RIA a en effet annoncé, lundi 8 juin, que la participation détenue par Telenor dans Vimpelcom allait être vendue aux enchères sur le marché pour couvrir l'amende de 1,7 milliard de dollars. Telenor semble avoir épuisé tous les recours Si l'opérateur mobile norvégien a immédiatement dénoncé cette décision, demandant une nouvelle fois le gel dans l'attente de l'arrêt de la cour d'appel (l'appel doit être examiné le 10 juin), Telenor semble avoir épuisé tous les recours possibles. A l'origine des embrouilles judiciaires russes de Telenor, sa bataille pour le contrôle de l'opérateur mobile Kyivstar. Depuis maintenant quelque cinq ans, Telenor et le groupe russe Alfa s'affrontent par tribunaux interposés à ce sujet. Le groupe Alfa reproche à Telenor de n'avoir pas respecté les termes de leur alliance dans Vimpelcom et d'empêcher le développement de l'opérateur russe en Ukraine. Telenor détient 33,3 % du capital du deuxième opérateur mobile russe (et 29,9 % des droits de vote), qui est contrôlé à hauteur de 44 % par Alfa, via sa holding Altimo. En Ukraine, c'est Telenor qui est en position de force : il détient 56,5 % du capital, Altimo n'ayant que 43,5 %. Régulièrement, le groupe Alfa obtient des décisions de justice en sa faveur devant les tribunaux russes et, tout aussi régulièrement, Telenor renverse la vapeur devant des tribunaux américains. Cette passe d'armes devant les tribunaux aurait, sans doute, pu durer longtemps, mais en février dernier, Farimex, une holding basée dans un paradis fiscal des Caraïbes détenant quelques titres dans Vimpelcom (0,002 %), a attaqué Telenor devant une cours de justice en Sibérie. Et a obtenu la condamnation de l'opérateur norvégien qui doit lui verser une indemnité de 1,72 milliard de dollars. Si tous les analystes considèrent Farimex comme un faux nez du groupe Alfa, ce dernier a toujours démenti entretenir le moindre lien avec ce petit actionnaire. Une action montée de toutes pièces pour acculer Telenor Mais les analystes considèrent que cette action a pu être montée pour contraindre l'opérateur norvégien à accepter le deal proposé par Alfa : la fusion des participations respectives de deux groupes dans Vimpelcom et Kyivstar dans une holding commune. Une offre repoussée jusqu'à présent par Telenor. Ayant fait de la téléphonie mobile l'axe majeur de son développement à l'international, le groupe scandinave pourrait craindre de perdre tout pouvoir dans ce deal, d'autant que le gouvernement russe a placé les opérateurs télécoms russes dans la liste des actifs stratégiques du pays : à ce titre, les participations étrangères ne peuvent pas dépasser un plafond fixé à 50 %. Surtout, cette plainte est intervenue alors que Telenor avait obtenu en fin d'année dernière un jugement d'un tribunal américain confirmant une première décision obligeant les sociétés du groupe Alfa à vendre leurs actions dans Kyivstar. Décidé à défendre ses intérêts par tous les moyens, le groupe russe, dont les dirigeants sont proches du pouvoir, paraît aujourd'hui en position de force. Kyivstar frappé par la crise La crise économique, qui frappe aussi l'Ukraine, a eu un gros impact sur les comptes du premier trimestre de Kyivstar. Principal opérateur mobile du pays avec un part de marché estimée autour de 42 %, Kyivstar a perdu quelque 500 000 abonnés à l'issue des trois premiers mois : son parc est retombé à 23 millions d'abonnés. Et sur ce chiffre, les clients prépayés constituent l'essentiel (21,6 millions). Logiquement, le chiffre d'affaires du trimestre est en recul de 38 %. Toutefois, l'opérateur affiche une marge d'Ebitda de 58% et un résultat opérationnel toujours bénéficiaire.