L'Open Data, un mouvement qui a du mal à se rendre utile
L'Open Data n'a pas encore donné toute sa mesure. Une deuxième phase se doit d'être lancée, et qui soit orientée valeur et demande, selon les témoins qui se sont exprimés aux Rencontres des Acteurs Publics.
« Avec l'Open Data 1.0, on a ouvert une mine d'or mais on attend encore l'explosion promise de la valeur ; il faut donc passer à un Open Data 2.0 pour valoriser la mine d'or » a expliqué Marc Ribes, Futurologue Secteurs Publics chez Orange Business Services. Il s'exprimait à l'occasion des Rencontres des Acteurs Publics, organisées du 3 au 5 juillet 2012 par le magazine Acteurs Publics. Selon lui, cette première étape demeure insuffisante.
Rappelons que le principe de l'Open Data est le fait, pour les collectivités et établissements publics de mettre à disposition leurs données, plus ou moins gratuitement. Cette ouverture permet à des tiers, publics ou privés, de valoriser ces données, par exemple au travers d'applications pour smartphones ou de services.
Or, comme le signalait Marc Ribes, cette ouverture a été poussée par l'offre jusqu'à présent. Chaque collectivité ou établissement prenait l'initiative d'ouvrir des données sans stratégie bien définie, pour intégrer le mouvement. Les données ouvertes n'étaient donc pas forcément pertinentes pour créer des services. Il a ainsi mentionné un exemple : « un conseil général a ouvert une banque de photographies dont la seule valorisation a consisté en une série de cartes postales. » D'où des réclamations des utilisateurs potentiels réclamant toujours plus de données.
Toujours plus
Parmi les données qui pourraient être ouvertes, il pourrait y avoir des données personnelles anonymisées. Ces données permettraient, par exemple, de tenir compte des horaires de fréquentation de tel lieu ou service pour offrir des services complémentaires.
Photo : la table ronde organisée sur le thème de l'Open Data au conseil économique et social (D.R.)
« Taper sur ceux qui ont contribué à la phase 1 n'est ni le meilleur moyen de les inciter à passer en phase 2 ni celui pour faire venir d'autres contributeurs » s'est offusqué Jean-Philippe Clément, chargé de mission TICC et innovation au secrétariat général de la Ville de Paris.
Pour lui, les données les plus triviales ne sont pas les moins intéressantes. Ainsi, il constate : « le jeu de données qui marche le mieux avec une requête par an et 10 000 téléchargements dans l'année qui suit, est un fichier Excel des prénoms donnés aux enfants nés et déclarés à l'Etat Civil dans l'année écoulée ».
Un manque d'organisation tant côté offre que côté demande
Même si le portail data.gouv.fr a permis de structurer l'offre de données ouvertes et de faciliter le repérage de ce qui est disponible par qui souhaite valoriser de telles données, il reste bien des axes de progrès.
La question des formats de fichiers est l'une de ces questions. Une autre question est celle des licences. Si la gratuité est la règle, les conditions dans lesquelles s'exerce cette gratuité ne sont pas universelles. Chaque acteur a tendance à faire des choix spécifiques. La Ville de Paris, ainsi, exige pour tout enrichissement, que ses données soient reversées dans le domaine public avec une licence similaire à la sienne. Cette liberté semble, malgré tout, nécessaire pour s'adapter aux volontés et besoins propres à chaque établissement ou collectivité.
« Finalement, ce sont les réutilisations de données d'une administration par d'autres administrations qui ont généré le plus de valeur car il faudrait presque financer les start-up en plus de leur donner gratuitement des données pour que celles-ci se décident à faire quelque chose » a regretté Thomas Saint-Aubin, chef du bureau stratégie éditoriale au sein du Ministère de la Justice.
Alexandre Quintard-Kaigre, chargé de mission au sein d'Etalab, le service qui est en charge de data.gouv.fr, rappelle : « la fonction de l'Etat est de fournir des données dans des formats lisibles pour que les acteurs privés en tirent de la valeur. Point. »