L'offre en services de ToIP et de sécurité est trop faible
Les services administrés en télécoms sont banalisés. Les services en sécurité sont moins avancés. Idem pour la ToIP. L'institut Forrester Research critique cette lenteur et met en cause la frilosité de certains offreurs.
« D'année en année, l'histoire se répète, 10% des entreprises achète des services administrés, et 30% se disent intéressés » constate avec ironie Henry Dewing, analyste chez l'institut Forrester. « Pouvons-nous en rester là ? Certainement pas ! ». La crise actuelle remarque le cabinet devrait donner un coup de fouet aux services administrés. Pour en avoir le coeur net, une équipe de recherche de Forrester a interrogé des responsables informatiques d'entreprise des deux côtés de l'Atlantique. Fait notable, l'étude porte autant sur les grandes entreprises que sur les PME. Forrester s'est penché successivement sur les services administrés en télécoms, en sécurité, dans les messageries unifiées et pour la ToIP, en menant à chaque fois des enquêtes sur des panels différents. Services télécoms administrés largement adoptés Forrester a d'abord mené une enquête quantitative au 1er trimestre 2008 auprès de 911 DSI d'Europe et des Etats-Unis sur les différents aspects des services administrés en télécoms. Résultat : 92% des répondants affirment avoir recours à de tels services télécoms. Pour quelles raisons ? Forrester leur a proposé un panel de réponses : - 67% des DSI estiment que « c'est très important », - 51% parlent de la simplification du management opérationnel, - 47% parlent d'une meilleure qualité de service et du sérieux. - On trouve ensuite le fait de bien se replacer sur son coeur de compétences, la diminution des risques liés au changement de technologies, le fait que les services managés entrent dans la politique de l'entreprise, enfin la liaison entre ces services et les normes externes. Services de sécurité, les pare-feux externalisés à 30% Pour ce qui concerne les services administrés en sécurité, sur une base de 411 responsables de grandes entreprises et 565 de PME interrogés au 3ème trimestre 2008 : - 32% utilisent les pare-feux en services managés, - 12% l'envisagent pour les 12 prochains mois - 16% l'envisageraient mais n'ont pas de budget pour le faire. Les PME apportent pratiquement les mêmes pourcentages : 32% (réalisé), 12 % (envisagé sous 12 mois), 13 % (envisagé mais sans avoir de budget). En ce qui concerne le monitoring d'IDS/IPS, les grands comptes répondent - 27% l'avoir réalisé, - 12% à l'envisager - 20% le souhaitent mais n'ont pas de budget. Les PME cette fois donnent des réponses différentes : 20%, 13%, 14%. Un tiers ont adopté le filtrage de contenu externe Enfin, sur le segment filtrage de contenus, les grands comptes répondent à 38% être passés en services managés, pour 15% l'envisager sous 12 mois, 16% l'envisager sans avoir de budget. Côté PME, les données sont respectivement de : 37%, 14%, 14%. Pour le nouveau secteur des messageries unifiées, avec une enquête menée au 1er trimestre 2008 sur 154 grandes entreprises et 128 PME, leur adoption en services managés est faible. 12% des grands comptes et 10% des PME l'ont adopté, respectivement 7 et 11% l'envisagent sous douze mois, 59 et 43% se déclarent intéressées. Du coup, les responsables vraiment réticents sont peu nombreux : 22% dans les grands comptes, 36 % dans les PME. Peu de services d'IPBX adoptés Dernier point analysé, celui des services de VoIP, il fait ressortir une faible progression (enquête menée au 1er trimestre 2008), que ce soit pour les IP PBX ou le SIP trunking (raccordement à un opérateur directement en IP). Pour les IP PBX, 19% des grands comptes et 13% des PME l'ont adopté, 25% et 30% se montrent « très intéressés », 30 et 24% se déclarent « plus ou moins intéressés ». Pour le SIP trunking, 12% des grands comptes et 11% des PME l'ont adopté en service managé, 28 et 37% y songent sérieusement, 37 et 27% sont simplement intéressés. Les vendeurs de solutions manquent d'ambition Pour une fois, un grand cabinet d'études ne recule pas à juger. Si les services administrés progressent encore faiblement c'est que l'éco-système ne sait pas s'y prendre assure Forrester. « Alors que le marché montre son appétit pour les solutions managées, la communauté des vendeurs se fragmente, tire le diable par la queue et élude au lieu de bien définir et exécuter avec succès sa stratégie client ». Forrester identifie quatre types d'acteurs : les intégrateurs systèmes, les opérateurs télécoms et hébergeurs, les VARs, les spécialistes du Saas. Sur chacun d'eux, il remonte des opinions tranchées : - Pour les opérateurs, l'enquête montre qu'habitués à offrir des services managés en MPLS ou des VPNs, ils seraient moins à l'aise pour élargir leur palette. Forrester parle d'anxiété sur ce point. - Les intégrateurs de systèmes semblent mieux placés. En ayant l'habitude de la relation client sur des grands projets, l'outsourcing n'est pas avec eux une simple réduction de coûts mais s'inscrit dans une démarche projet. - Les VARs ont intérêt à étendre leur palette de services managés pour augmenter d'autant leur chiffe d'affaires et les distributeurs peuvent profiter de leur capacité en logistique pour livrer des solutions pré-« bundlées » menant à des solutions managées complètes. - La nouvelle génération de vendeurs en Saas est marquée par quelques grands noms : salesforce.com pour le CRM, SAP pour les ERP, Google en VoIP, Cisco avec WebEx en visioconférence. Au-delà des différences entre ces quatre types d'acteurs, Forrester en appelle à la création d'un «éco-système » autour des services managés et, pour la,distribution, à la création de programmes partenaires spécifiques.