L'illimité débloque enfin le multimédia mobile, dixit les opérateurs
Lors d'une table ronde organisée par l'EBG, Orange, Bouygues Telecom, Cellfish Media et Zaoza ont annoncé des croissances d'au moins 30 % sur la plupart de leurs nouveaux services de données à haut débit mobiles. Est-ce le grand retour des stratégies multimédia ?
Il leur aura fallu du temps, mais les opérateurs semblent avoir identifié certaines recettes afin de réussir la vente de leurs services mobiles. Lors d'une table ronde organisée par l'EBG (Electronic Business Group) mercredi 10 septembre 2008, Orange, Bouygues Telecom, Cellfish Media et Zaoza ont ainsi fait part de leur satisfaction. Les opérateurs ou les fournisseurs de contenu réduisent les services surfacturés à l'acte, générateurs de dépassements et d'impayés, et d'abonnés mécontents. Car personne ne veut payer des services en mode « dégradé » à cause du manque de puissance des mobiles, quant il existe des services à haut débit gratuits sur internet filaire. En juin 2007, Cellfish Media - éditeur de contenu pour les mobiles, filiale du groupe Lagardère - avait ouvert son portail "youtube" et de jeux gratuit, financé par le push de deux SMS publicitaires par mois. Puis Zaoza, le portail de Vivendi - a introduit le téléchargement illimité à 3 €/mois. La facturation au Méga octet vivrait-elle ses derniers jours ? Orange a créé un forfait de téléchargement de musique illimité à 12 €/mois. L'internet mobile est également illimité dans ses forfaits iPhone. Bouygues Telecom propose également l'internet illimité dans ses nouveaux forfaits Neo.2. Chez Cellfish Media, le nombre de téléchargements de jeux Java a augmenté de plus de 30 % depuis 2007, et son chiffre d'affaires a grimpé de 40 %. Même optimisme chez Bouygues Telecom : « La croissance de la data est supérieure aux prévisions, affirme Martin Péronnet, directeur marketing des services de Bouygues Télécom. Orange double quasiment ses usages 3G. Bémol pour l'opérateur : le chiffre d'affaires ne double pas pour autant. « Nous remplissons cependant nos réseaux et nous générons une valeur incrémentale, souligne Catherine Le Drogo, directrice des offres multimédia d'Orange. Si le marché se débloque, des précautions sont nécessaires. Martin Péronnet de Bouygues Telecom redoute que les mobinautes ne se rebiffent contre l'excès de « push » de SMS ou de bannières non sollicités et mal ciblés, comme cela est le cas en Allemagne et en Espagne. Il faudrait géolocaliser ce « push », mais le surcoût fait hésiter les annonceurs. Au final, tous les services mobiles n'ont cependant pas le même succès. Ainsi, la transposition des blogs sur le mobile n'a pas fonctionné. Quant à « la TV mobile, elle ne sera pas la killer application de la 3G, estime pour sa part Martin Péronnet. Un avis que ne partage pas Orange : il annonce déjà 600 000 clients/mois. Pour les opérateurs, l'internet mobile « illimité ou quasi gratuit » ne devait pas cannibaliser leurs services payants existants. Ils estiment le défi tenu jusqu'à présent. Les kiosques i-mode de Bouygues Telecom et Orange World d'Orange résistent bien, de l'avis de leurs opérateurs. Bouygues explique cette bonne tenue à la nature des relations avec les éditeurs. Il s'agit « d'un partenariat gagnant-gagnant avec les éditeurs » affirme Martin Péronnet. Chez Orange, on estime que cela est dû « à l'expérience héritée des kiosques Audiotel et Minitel, termine Catherine Le Drogo.