L'exascale en ligne de mire avec le XH3000 d'Atos
Occupant depuis plusieurs années le terrain du HPC pré-exascale avec des annonces régulières dans sa gamme de superordinateur, Atos lance aujourd'hui le BullSequana XH3000, conçu et fabriqué à Angers, pour les habituels besoins en calcul intensif : énergie, santé, géologie...
Malgré ses difficultés financières, Atos poursuit le développement de ses solutions HPC, héritées du rachat de Bull. À côté du programme quantique, qui s'inscrit dans le cadre du Plan national pour le quantique, le fournisseur français poursuit sa feuille de route vers l'exascale (1 milliard de milliards d'opérations par seconde) avec des solutions éprouvées. Pour la présentation du BullSequana XH3000, Rodolphe Belmer, directeur général du groupe Atos depuis le 1er janvier dernier, est sorti du bois. L'arrivée de cet homme des médias à la tête de la SSII opérant dans les infrastructures et la cybersécurité peut paraître étonnante, mais en France rien n'est impossible quand il s'agit de retrouver la confiance des investisseurs. Développé et fabriqué dans le centre HPC d'Atos à Angers, le BullSequana XH3000 ne sera toutefois disponible qu'au quatrième trimestre 2022. Il repose sur les derniers CPU et GPU d'AMD, d'Intel, de Nvidia, ou encore du microprocesseur HPC européen de SiPearl.
Désormais directeur général d'Atos, Rodolphe Belmer s'attèle à la relance du groupe informatique spécialisé dans les infrastructures et la cybersécurité. (Crédit : S.L.)
Selon le fournisseur de Bezons, le XH3000 serait jusqu'à 6 fois plus performant au mètre carré que le modèle précédent le XH2000. Il s'agira du supercalculateur le plus puissant conçu par Atos à ce jour, mais difficile de connaitre sa performance maximale, puisqu'il ne sera livré qu'à la fin de l'année, voir en 2023. L'architecture du XH3000 est modulaire et repose - selon les besoins des clients - sur des CPU (x86 et ARM avec Nvidia Grace) et des accélérateurs GPU, qui pourront être complétés par des cartes PCI additionnelles de type IPU, qui ne sont pas encore sur le marché. « C'est un châssis qui nous permet ensuite de mettre le moteur que l'on veut et de coupler les châssis entre eux pour transporter plus de charge », a expliqué Arnaud Bertrand, directeur stratégie et innovation chez Atos dans un communiqué. Pour le calcul accéléré, le KH3000 prend en charge des noeuds avec quatre GPU Nvidia Tensor Core. Le XH3000 utilise également des options de réseau flexibles, notamment les adaptateurs Nvidia Quantum-2 InfiniBand et ConnectX-7 InfiniBand et Ethernet, pour faire évoluer ces noeuds de calcul vers des systèmes HPC capables d'atteindre les 10 exaflops AI en précision mixte. « Les partenaires sont essentiels pour compléter notre plateforme », a précisé Agnès Boudot, vice-présidente en charge de l'activité HPC chez Atos.
En charge de l'activité HPC d'Atos, Agnès Boudot a présenté le châssis modulaire du XH3000 lors d'un point presse à Paris. (Crédit : S.L.)
Contrainte énergétique imposée par l'UE
Il est également nécessaire de prendre en compte la consommation énergétique, la Darpa et l'Union européenne (projet Mont Blanc) invitant les exploitants de systèmes HPC à ne pas dépasser les 20 mégawatts sur un site exaflopique. Une contrainte que les Chinois ne connaissent pas avec leurs machines régulièrement classées dans le Top 500. Pour rester sous les 20 mégawatts, le XH3000 s'appuiera sur la solution brevetée de refroidissement direct par liquide d'Atos (DLC) - qui fournira plus de 50% de puissance de refroidissement supplémentaire par rapport aux générations précédentes.
Les systèmes HPC ne se cantonnent plus seulement à l'industrie et la recherche, les activités commerciales utilisant de plus en plus ces systèmes. (Crédit : Intersect360)
« Le supercalculateur joue un rôle central dans la conduite des innovations pour les entreprises, la société et l'économie mondiale dans son ensemble. Il est également la clé de la souveraineté scientifique et économique au XXIe siècle », a indiqué Rodolphe Belmer. La SSII se donne pour objectif de doubler sa part de marché mondial dans les supercalculateurs au cours des trois à quatre prochaines années. Elle n'est que de 8% actuellement, loin derrière les leaders HPE/Cray, Dell, Lenovo, IBM, Fujitsu et Inspur. Le marché du HPC pesait 38,9 Md$ en 2020, et il devrait atteindre 60,2 Md$ en 2025.
HPE, Dell et Lenovo dominent aujourd'hui le marché du HPC avec des projets un peu partout dans le monde. (Crédit : Intersect360