L'enterrement de la TMP se confirme
L'avenir de la TMP semble de plus en plus compromis, et les menaces de la secrétaire d'Etat à l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet ne semblent rien y faire. Orange et SFR ont déclaré qu'en l'état le DVB-H n'avait pas d'avenir et lui préfèrent le modèle de la 3G.
(Source EuroTMT) Alors que Cyril Viguier, le médiateur de la télévision mobile personnelle a rendu son rapport le 8 juillet dernier, plus personne désormais ne croit au lancement de la TMP (Télévision Mobile Personnelle) en France. Certes, rares étaient ceux qui attendaient une solution radicale de la part de Cyril Viguier tant la situation est devenue inextricable. Et le médiateur n'a fait qu'ajouter à la confusion avec ses deux propositions. Les opérateurs refusent de financer seuls le réseau La première stipule de faire financer le réseau par les seuls opérateurs. La seconde suggère « de créer autour de plusieurs acteurs une société ad hoc de financement (en l'occurrence TDF, ndlr), distincte de l'opérateur multiplex... et qui prendrait à sa charge les coûts de diffusion pour le compte de l'opérateur multiplex ». Le rapport à peine remis, les opérateurs ont fait savoir qu'il était hors de question pour eux de financer seuls le réseau. Quant à TDF, sa situation financière est tellement délicate que l'on voit mal comment il pourrait financer un réseau même temporairement. Un dialogue difficile A la décharge de Cyril Viguier, il faut reconnaître qu'il s'est retrouvé avec une mission impossible : essayer de faire dialoguer deux mondes (les médias et les télécoms) qui malgré leurs efforts ont des intérêts encore bien divergents et même concurrents, et deux autorités de régulation (le CSA et l'Arcep) qui malgré les apparences s'ignorent voire se haïssent. A la lecture de ces constats, on voit que Cyril Viguier ne pouvait pas grand-chose et l'attente de son rapport (avec 2 mois de retard) n'a fait que repousser de quelques semaines l'échéance. Une situation qui s'enlise Il s'agissait aussi pour la secrétaire d'Etat à l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet de sauver les apparences. Mi-juin, elle était encore presque confiante, expliquant aux journalistes que les discussions avançaient avec les deux opérateurs (Orange et SFR). Mais dès le début juillet, elle a dû admettre à demi-mots que la situation s'enlisait. Au 30 septembre, date à laquelle les fréquences de diffusion ne seront plus réservées à la TMP, elle n'aurait donc aucune proposition à faire au Parlement. « Les fréquences risquent d'être récupérées pour d'autres usages » a-t-elle menacé. Les opérateurs vantent le modèle 3G Mais ces paroles n'ont pas ébranlé les opérateurs qui ne semblent pas se soucier de la perte des fréquences. Et pour cause, pour eux la télévision mobile existe déjà, mais passe et passera par les réseaux 3G et 4G (LTE). Lors de la conférence Télécoms organisés par Les Echos début juillet, Orange a expliqué que le modèle économique via la 3G existait contrairement à celui du DVB-H: « Nous avons déjà 13 millions de connexions à notre offre de télévision mobile et 900 000 utilisateurs par mois sur le réseau Orange. C'est plus que le nombre d'utilisateurs total de la DVB-H en Europe » a expliqué Jean-François Rodriguez, directeur Stratégie d'Orange. Pour SFR, la TMP n'a aucun avenir telle qu'elle est proposée Quant aux dirigeants de SFR, interrogés dans un autre cadre, ils sont catégoriques : « La TMP telle qu'elle est proposée n'a aucun avenir. Nous n'irons pas ». Même au Forum de la Télévision Mobile qui a pourtant travaillé activement à la réconciliation entre éditeurs et opérateurs, on est sans illusion sur l'avenir de la TMP. Janine Langlois-Glandier, la Présidente du Forum souhaite elle aussi tourner la page malheureuse du DVB-H en France et aspire à ce que l'on s'intéresse au contenu car « quelque soit la technologie, le succès de la télévision mobile passera avant tout par ce que l'on va proposer à l'utilisateur final ».